PORTRAIT - « Être capable ». Voilà ce que signifie « Taïg » dans un dialecte algérien. Et Taïg Khris rend bien hommage à l’origine de son prénom. Champion du monde de roller, recordman du monde et aujourd’hui patron d’une entreprise à succès, cet homme simple et toujours souriant a eu mille vies couronnées de réussites.
Né à Alger en 1975 d’un père algérien et d’une mère grecque, Taïg s’est toujours senti « citoyen du monde ». Il déménage très tôt à Paris et découvre le Trocadéro, « un endroit incroyable où il y avait toutes les cultures qui se mélangeaient ». À 5 ans, l’algérien de naissance découvre le roller en suivant son ainé. « Au début, c’est mon frère qui faisait du roller et je le suivais partout. En grandissant, j’ai commencé à vouloir faire vraiment de la compétition ». Taïg Khris tombe amoureux du roller et commence à faire des acrobaties sur des rampes, chose impossible pour le commun des mortels, notamment à cause de la peur. Il explique être passé outre ce sentiment grâce à sa passion : « quand on est passionné, la peur n’est pas très importante ». Se casser une jambe ou un bras n’est pas « si grave si on se fait bien opérer » ironise le casse-cou.
En 1995, Taïg se fait repérer par la marque « Rollerblade » qui a vu que le jeune homme de 20 ans « avait du potentiel » et décide de le sponsoriser. Il devient professionnel, participe à ses premières compétitions et parcourt le monde. Une expérience incroyable pour lui à l’époque : « j’avais toujours rêvé de vivre du roller ». Taïg Khris explose rapidement tout comme en témoigne le bilan de sa carrière : 75 victoires en 119 compétitions, hors du podium seulement six fois. Une suprématie qu’il explique par « un esprit très compétitif » et une grosse dose de travail. « Je rêvais de ça et je faisais tout pour y arriver ». Dans une carrière remplie de succès, s’il fallait retenir une année, ce serait 2001. Taig Khris remporte successivement les X-Games, les Gravity Games, le championnat du monde, Bercy, les European X-Games et le World Team Challenge. Tout ça parce qu’il avait « appris une figure que personne ne faisait à l’époque, le double salto arrière ». Un « trick » qu’il a appris en cachette sur… un matelas ! « J’avais acheté un airbag pour m’entraîner à faire de nouvelles figures. C’était un secret, personne ne comprenait comment je les faisais ».
Non-content d’avoir dégoûté la concurrence en compétition, Taïg Khris se lance un nouveau défi : « il faut que je fasse un record sur un monument symbolique ». En 2010, le champion du monde se lance dans un pari fou : sauter du premier étage de la Tour Eiffel sur une rampe située dix mètres plus bas. Pas simple pour quelqu’un qui a le vertige. « La première fois que la rampe s’est montée, je n’arrivais pas à me mettre debout dessus » assure-t-il. Taïg avait même « les jambes qui tremblaient » avant de faire le saut mais il a dédramatisé le risque d’accident. Le champion du monde s’est dit « ça ne sert à rien de paniquer parce que tu vas le faire. Tu vas pouvoir être comme Superman en touchant la Tour Eiffel devant 100 000 personnes, ne gâche pas ça à cause de la peur ». Le record du monde du saut dans le vide en roller est explosé, une véritable fierté pour cette légende de son sport. « Dans dix ou vingt ans, je serai toujours le mec qui a sauté de la Tour Eiffel ».
Après les rampes et les records du monde, c’est à la télévision que Taïg Khris apparait régulièrement. En 2010, il participe à Pékin Express et Koh-Lanta et l’avoue « entre Pékin Express et Koh-Lanta, j’ai largement préféré Pékin ». Un choix qu’il justifie : « à Koh-Lanta, j'avais l’impression d’être enfermé sur mon île, il y avait une sensation d'emprisonnement ». Ce qui l’a marqué « c’est la difficulté d’être emprisonné et de ne pas manger ». Le recordman du monde va encore plus loin « une fois que t’es sur l’île, t’as qu’une seule envie, c’est de te barrer. C’est pas quelque chose de plaisant à vivre ». « C’est le coté ennui qui était difficile » explique-t-il. Après ces émissions, il enchaîne avec Danse avec les stars. Avant le début du programme, il ne se prépare « qu’à moitié » et se souvient s'être « pris une énorme baffe » lors du premier prime en voyant le niveau de ses concurrents. Taïg Khris se met alors vraiment au travail, « je me suis entraîné 15/18h par jour, week-end inclus ». Petit à petit, les progressions se voient et le public se prend d’affection pour le champion du monde, au point de l’amener jusqu’en finale où il finira troisième. Mercredi 9 décembre, il avait d’ailleurs un message pour ses fans : « merci au public de m’avoir autant soutenu ».
C’est le cinéma qui attire ensuite Taïg Khris. Il prend des cours d’« acting » et joue en 2013 la doublure cascade de l’acteur américain Channing Tatum dans « Jupiter : le destin de l’univers ». Malheureusement, lors d’une cascade, Taïg Khris réceptionne mal sa partenaire qui lui atterrit sur le genou. Résultat : rupture des ligaments croisés. Au même moment que la blessure, un film, où il avait le premier rôle, est annulé et il se sépare de sa compagne de l’époque. Une belle année 2013 pour le néo-acteur. Malgré cet enchainement de problèmes, Taïg Khris ne tombe pas dans la déprime et se remet en question. « Je ne suis pas du tout quelqu'un qui est dans la négativité. C’était un moment dans ma vie où je me suis dit ‘Ok, qu’est-ce que tu veux faire dans les prochaines années ?’ ». Il n’a cependant pas dit adieu à une carrière dans le cinéma et avoue même vouloir « essayer de repartir dans cet univers un jour ». Le champion du monde a même écrit un film à cette époque, qui n’a jamais vu le jour. Qui sait, cette production est peut-être celle qui fera de lui un grand acteur, « ce film que j’ai écrit il y a dix ans, peut-être qu’un jour je le remettrai sur le tapis, j'essaierai de le produire et de jouer dedans ».
Après cet échec sur grand écran, le recordman du monde se lance dans l’entreprenariat en 2014 en créant sa société OnOff, une application qui propose un deuxième numéro de téléphone sans carte SIM. En fait, Taïg Khris était déjà entrepreneur depuis bien longtemps, « dès que je suis passé pro en roller, j’ai essayé de créer des boites en parallèle ». En 2001, il crée « Taig Khris Events », puis cinq ans plus tard une société de gamme de papeterie, qui ferme en 2009. Autant de tentatives qui montrent son envie d’être son propre patron. « J'ai toujours essayé de faire des trucs dans le monde de l’entreprise. Ça n’a pas toujours marché mais j’ai appris à chaque échec ». C’est donc avec OnOff que Taïg Khris réussit à prouver qu’il est un homme capable de monter une entreprise à succès. Mais trouver les fonds pour monter sa société n’a pas été une chose facile. Il a dû demander de l’argent à beaucoup de gens, qui ne l’ont pas forcément pris au sérieux au départ, « je n’avais pas un rond, ce n’était pas mon argent. Au début, quand j’expliquais mon projet, les gens rigolaient, personne n’y croyait ». A force de persévérance, il réussit à convaincre tout son entourage, « 130 personnes qui m’ont donné 10 millions d’euros ». Gérer une entreprise qui a un chiffre d’affaires de plusieurs millions d’euros, ça prend du temps. C’est sûrement une des raisons de son absence dans une émission de divertissement depuis dix ans. Il n’exclut cependant pas d’en refaire une dans un futur proche, « si j’ai une émission qui me plaît, pourquoi pas ». Le chef d’entreprise pourrait même remonter sur les patins si l’occasion se présente. « Si j’ai l’opportunité, avant que je sois trop vieux, de refaire un grand record, je serai peut-être partant d’en refaire un ». Taïg Khris n’a pas une fierté en particulier par rapport à tout ce qu’il a réussi. Au final ce qui lui procure le plus de joie, c’est l’ensemble de son oeuvre, « ma plus grande fierté, c’est d’avoir réussi ces différents rêves que je me suis fixé à chaque fois ».
Photo : Raphaël Bardenat / MRG
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