La dissolution des Soulèvements de la Terre est « une annonce profondément anti-démocratique » selon Léna Lazare

Rédigé par Quentin LEPORT
Publié le 13.07.2023
INTERVIEW/VIDÉO - Selon Léna Lazare, ex-membre du collectif les Soulèvements de la Terre, en dissolvant le mouvement, « le gouvernement passe à une étape supérieure avec toute cette dynamique de criminalisation des mouvements écologistes ».
« Cela faisait quelques semaines que la menace planait ». Léna Lazare n’a pas été surprise le 21 juin quand le Conseil des ministres a donné sa décision de dissoudre le collectif écologiste des Soulèvements de Terre. « Une annonce profondément anti-démocratique » selon l’activiste. Un sentiment qui d’après elle « est partagé par les militants. Il y a eu des réactions très fortes du Rapporteur sur la liberté associative de l’ONU qui a dénoncé cette dissolution ». Pour elle, « le gouvernement passe à une étape supérieure avec toute cette dynamique de criminalisation des mouvements écologistes que l’on voit depuis quelques années. Je trouve ça particulièrement grave ».
« On a été très touché par les nombreux soutiens que l’on a reçu » après le décret proposé par Gérald Darmanin admet Léna Lazare. Des actes qui prouvent que « contrairement à ce qu’a dit le gouvernement dans le décret, on n’a jamais été un groupuscule d’ultra gauche, de personnes minoritaires ».
Les membres des Soulèvements de la Terre ne sont pas « radicalisés, violents, criminalisés »
Léna Lazare accepte que soit utilisé le mot « radical » pour qualifier les écologistes qui composent son organisation. « Si par radical on entend : revenir à la racine des problèmes, et donc mener des actions à la hauteur des enjeux ». Elle affirme cependant qu’il n’est pas réaliste de décrire les membres du collectif comme « radicalisés, violents, criminalisés ». Les opérations de désobéissance civile employées par les Soulèvements de la Terre « font partie d’un registre d’actions qu’on a beaucoup vu dans les mouvements sociaux ». Avec comme exemples, « le fauchage d’OGM ou le démontage d’un viaduc sur le plateau du Larzac il y a quelques années ». Des modes d’action qui, selon elle, « ne semblent pas particulièrement offensifs ou extrémistes ».
Une dissolution que le mouvement compte faire annuler, dans un premier temps, il « va déposer un recours qui va être un référé de suspension ». Cela lui permettra de préparer sa « défense pour le recours de fond, qui lui seul peut permettre de totalement annuler » cette décision.
« La dissolution a donné envie à beaucoup de gens de nous rejoindre. Donc dans tous les cas, les actions vont continuer »
Les différents collectifs, associations et organisations qui composent les Soulèvements de la Terre « ne le font pas que depuis que ce collectif existe, elles le font depuis bien plus longtemps ». « Cette annonce de dissolution a fait connaître un collectif de défense extrêmement diversifié et déterminé », ce qui « a donc donné envie à beaucoup de gens de nous rejoindre. Dans tous les cas les actions vont continuer » selon la militante. Et elle l'annonce, « tout va continuer même si on n’a pas le droit d’utiliser le nom des Soulèvements de la Terre ».
Son interview en vidéo
Photo : DR