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Me Marianne Abgrall sur l’Affaire Yuriy : « mon client se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment »


Publié le 10.02.2023


INTERVIEW/VIDÉO - L’avocate Marianne Abgrall défendait un des jeunes mis en cause dans le passage à tabac du jeune Yuriy, le 15 janvier 2021. Me Abgrall a réussi à défendre un des accusés de cette atroce agression car « on a notre recul d’avocat, on attend de connaître les éléments et on essaye de ne pas se laisser happer comme ça par les réactions comme sur les réseaux sociaux ». Elle avait évidemment été touchée par cette affaire « particulièrement triste. Comment ne pas partager cette émotion »

Initialement impliqué, le client de Marianne Abgrall est aujourd’hui tiré d’affaire. Ce dernier vient de bénéficier « devant la chambre de l’instruction, c’est à dire la cour d’appel, d’un non lieu. Donc il n’est aujourd’hui plus renvoyé devant la cour d’assise, ce qui est une excellente nouvelle pour lui ». Pour Me Abgrall, cette erreur s’explique par l’énorme émotion qu’avait sucité le passage à tabac du jeune Yuriy, âgé alors de quatorze ans à l’époque des faits. « Très vite, toute cette émotion, qui s’est d’abord traduite par des messages de soutiens à la famille, a été occultée par un déferlement de haine ». L’affaire est alors devenue, selon l’avocate, « un vrai enjeu médiatique. Plusieurs jeunes hommes et garçons du quartier ont été interpellés et mon client a été pris dans ce tsunami médiatique et judiciaire. Il se trouvait en fait au mauvais endroit au mauvais moment ». Deux ans plus tard, son client a finalement « réussi à expliquer qu’il ne faisait pas partie de cette agression ».

« Il savait que quelque chose se tramait sans savoir exactement de quoi il s’agissait »

L’agression, rappelle Me Marianne Abgrall, a lieu autour du centre de Beaugrenelle, aussi appelé « la dalle », à Paris. Elle l’affirme : son client « n’était pas sur la dalle ». « Il savait que quelque chose se tramait sans savoir exactement de quoi il s’agissait » explique cependant l’avocate. « L’agression du jeune Yuriy était en quelque sorte une revanche suite à une agression des jeunes de Vanves qui avait eu lieu dans les jours précédents, autour du 10 janvier, par ceux qu’on appellera 'les jeunes du XVe arrondissement'. Cette agression était une riposte, une sorte de revanche ». Les tensions étaient donc connues par la plupart des jeunes du quartier, dont son client. Ce dernier, « savait donc qu’il se tramait quelque chose. Mais il n’était pas l’organisateur de quoi que ce soit et il n’a surtout pas participé à l’agression, puisqu’il en était loin ». L’enquête et les témoignages du jeune défendu par Marianne Abgrall ont pu prouver qu’il se trouvait en effet à l’écart du lieu de l’agression, vers « les arrêts de bus, à proximité du centre commercial ».

« On a notre recul d’avocat, on attend de connaître les éléments »

Si Marianne Abgrall comprend les réactions qui ont découlé de l’agression, l’avocate rappelle l’importance de laisser le temps à la Justice. « On l’a vu avec les vidéos de surveillance, se rappelle-t-elle. Elles ont beaucoup tourné et ça a généré beaucoup de propos et des discussions autour de cette affaire. (...) Bien sûr, c’était particulièrement triste. Comment ne pas partager cette émotion ». Toutefois, « on a notre recul d’avocat, on attends de connaître les éléments et on essaye de ne pas se laisser happer comme ça par les réactions comme sur les réseaux sociaux ».

Regardez son interview

Photo : DR


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