Procès de l’attentat de Nice : « on ne sort pas de là intact du tout », confie l’un des avocats


Publié le 19.01.2023


INTERVIEW/VIDÉO - Après quatre mois de procès, Nicolas Gemsa estime « que le verdict a été à la hauteur de l’enjeu » dans un procès où près de 2600 victimes se sont constituées parties civiles. Il a exprimé son sentiment « du devoir accompli » même s’il n’est pas ressorti indemne de cette expérience.

« Ça fait six ans qu’on prépare ce dossier » , se remémore Nicolas Gemsa. « Plus d’un an qu’on prépare cette audience et clairement, le verdict qui a été prononcé le 13 décembre est à la hauteur de l’enjeu national ». Derrière son écran, l’avocat, qui esquisse un léger sourire, apparaît soulagé. Depuis 2016, Maître Gemsa représentait les victimes et familles des victimes de l’attentat de Nice. Tous attendaient depuis longtemps ce verdict et « beaucoup  se sentent apaisées depuis qu’il a été rendu ». Lui tout autant, imagine-t-on.

Sur le plan pénal, le procès s’est terminé le 13 décembre, « mais sur le plan civil », rappelle Nicolas Gemsa, il se conclura « le jeudi 5 janvier ». Il y a en effet eu « trois jours d’audience civile et on a dû se battre contre le parquet national anti-terroriste pour faire reconnaître la recevabilité de constitution de parties civiles de près de 2600 personnes qui étaient présentes sur la promenade des Anglais le 14 juillet 2016 ».

« Je pense que j’ai laissé quelques années d’espérance de vie dans cette salle d’audience »

« C’était un procès extrêmement intense avec beaucoup d’émotions, d’humanité, des familles brisées » se souvient-il. « On ne sort pas de là intact du tout ». Le défenseur des parties civiles estime même qu’il a « laissé quelques années d’espérance de vie dans cette salle d’audience après les quatre mois qui viennent de s’achever. Mais c’était pour la bonne cause ». Après six ans de travail, « on a le sentiment du devoir accompli ».

L’avocat nous parle aussi de la pression qu’il a pu ressentir tout au long de la procédure. « C’est vrai que quand on passe après le procès de Charlie Hebdo, le procès du Bataclan, des terrasses et du Stade de France de 13 novembre 2015, on sait qu’on a une mission fondamentale pour accompagner ces victimes. Donc clairement, les victimes qui nous ont donné leur confiance pour cette procédure attendaient beaucoup de notre part ».

L’avocat, lui même de Nice et père de deux enfants, confie que ces quatre derniers moi passés à Paris ont été particulièrement rudes pour lui et sa famille « mais on savait qu’on se battait pour la bonne cause. Et on ne s’est pas trompés puisque, encore une fois, le verdict a été à la hauteur de ce qu’attendaient les victimes. Ça a été la source de beaucoup de soulagement ».

Maître Nicolas Gemsa et sa sœur Maitre Florence Gemsa, qui a également plaidé au procès de Nice, pour les nombreux enfants traumatisés

« La carapace se fissure »

Pendant cinq semaines, les victimes sont venues à Paris les unes après les autres s’exprimer à la barre. Certaines étaient « des familles endeuillées », d’autres « des victimes blessées, percutées par le camion ou pour beaucoup, des victimes choquées par ce qu’elles ont vu. Des enfants morts, des personnes pulvérisées par le camion ». Des témoignages violents, bruts, et pourtant si nécessaires. Bien que « rompu à l’exercice », tous ces témoignages sont gravés à vie dans la mémoire de Nicolas Gemsa. Celui-ci se remémore quelques détails qui ont pu par moment le faire flancher. « Je pense que, même si nous on a une robe, qu’on est rompu à l’exercice, à un moment donné, comment dire… (il cherche ses mots), la carapace se fissure. J’ai été particulièrement ému, c’est vrai, à l’écoute de certains témoignages. Je repense à cet homme qui a perdu son épouse, quand il raconte la rentrée de septembre avec leurs trois enfants sans la maman. On ne peut que se projeter ».

La possibilité pour les familles de se reconstruire

Le jour du délibéré, « la salle était anormalement pleine », se souvient Nicolas Gemsa. « Beaucoup de victimes sont montées de Nice à Paris le 13 décembre pour y assister ». Être enfin reconnu comme victime, comme partie civile à part entière. Une étape importante, sinon primordiale, pour beaucoup de personnes qui espèrent aujourd’hui tourner la page. « C’est effectivement l’enjeu d’une telle procédure. C’est une partie de la reconstruction puisque non seulement il y a l’indemnisation mais il y a aussi toute cette reconnaissance officielle au sein de la justice ».

Aujourd’hui, six ans après l’attentat qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés, 2600 personnes se sont constituées parties civiles. La décision sur leur recevabilité sera rendue le 26 mai 2023.

Son interview en vidéo

Photos : DR


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