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Anna Zhytar est retournée en Ukraine il y a un mois, c’est là qu’elle a « compris ce que c’était d’avoir vraiment peur »


Publié le 29.07.2022


INTERVIEW/VIDÉO - Présente lors de la Marche des Fiertés à Paris, la militante LGBTQI+ ukrainienne Anna Zhytar avait plusieurs messages à faire passer. Elle refuse « de penser à l’idée » que son pays puisse perdre la guerre.

Anna Zhytar est venue sur le plateau de MRG juste après être montée, le 25 juin, avec d’autres militantes ukrainiennes sur la scène à l’arrivée de la Marche des Fiertés de Paris. Elle explique que leur combat « a commencé en tant que militante LGBTQI + », et a ensuite évolué. « Maintenant c’est un combat contre un agresseur qui s’appelle Poutine. On se bat au sein de notre pays et pour nos vies. Si on ne défend pas nos droits, on disparait » explique Anna. La militante se souvient très bien du jour où a démarré l’invasion russe, elle qui était encore en Ukraine à ce moment. « C’était comme dans un très mauvais rêve. Le 24 février un ami m’a appelée à 4h du matin et m’a dit : ‘Anna, la guerre a commencé’ » se remémore-t’elle, remplie d’émotion. La jeune femme va même plus loin : « j’ai eu une vie avant cette phrase, et une vie après ».

« Battons-nous ensemble pour gagner. Ne nous oubliez pas »

Monter sur scène place de la République était très important pour Anna Zhytar. Voir le soutien de plusieurs dizaines de milliers de personnes lui permet de « savoir qu’on n'est pas seuls. C’est très important de ne pas être oubliés ». C’est grâce à un pressentiment qu’Anna a réussi à s’échapper d’Ukraine, qui a rapidement fermé ses frontières dès le début du conflit. « Ça va sonner bizarre mais j’ai acheté quarante litres d’essence une semaine avant » le début du conflit. Elle n’a donc pas eu à attendre des heures pour faire son plein. La militante LGBT a encore des nouvelles de ses proches restés au pays. Ils lui racontent que la guerre « ce n’est pas comme dans les films. Les gens meurent pour de vrai. La vie est complètement différente ».

« On est comme tout le monde, on défend aussi l’Ukraine »

Avant la guerre, la situation des personnes LGBT était évoluait positivement en Ukraine. Anna Zhytar raconte qu’ « après 2014, on a mené beaucoup de combats pour avoir des droits ». Un bataillon LGBTQI+ est d’ailleurs sur le front de guerre car « on est comme tout le monde, on défend aussi l’Ukraine » argumente la militante. Elle n’envisage en aucun cas la défaite de son pays, « je n’aimerais pas dire qu’il gagne, je ne veux pas penser à cette idée ». Anna reste tout de même consciente qu’une victoire de la Russie mettrait les avancées pour les droits LGBT en péril car « l’homophobie est une carte que Poutine envoie tout le temps dans son pays. Je ne veux pas que ce soit la même chose en Ukraine, que le pays devienne homophobe ».

Anna Zhytar a un message clair pour Emmanuel Macron : « battons nous ensemble pour gagner. Ne nous oubliez pas ». Elle rappelle qu’ « on n'a pas encore gagné ce combat », et regrette que les victimes de la Russie soient « de moins en moins visibles ». Anna sait qu’elle ne pourra pas retourner dans son pays tout de suite car elle y est allée il y a un mois, et c’est là qu’elle a compris « ce que c’était d’avoir vraiment peur ».

Regardez son interview en vidéo

Photo : MRG Médias


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