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David Desclos : « j’ai compris que dans la vie, [...] il fallait faire attention aussi à sa liberté »


Rédigé par Alban GAMET DE SAINT-GERMAIN

Publié le 04.06.2020


INTERVIEW - L’ex-cambrioleur, David Desclos, était notre invité mercredi 27 mai. D’un jeune qui vole à un humoriste qui fait passer des messages, David Desclos est revenu sur une vie pour le moins atypique.

Si vous lisez l’histoire qui suit, vous allez vous dire que la dernière série policière à venir mérite d’être vue et, pourtant, tout ceci est bien réel. Il le dit lui-même, la vie n’est pas un film. « Il », c’est David Desclos. Né en 1973 à Caen, en Normandie, il grandit en plein cœur d’une cité défavorisée. De l’école primaire au collège, il tombe dans la délinquance. Voler pour manger ou s’habiller, c’est comme il l’explique, venu assez naturellement, poussé par des personnes qui avaient les mêmes idées et des anciens qui lui montraient le chemin. De petit larcin, il se spécialise en grandissant dans la neutralisation des systèmes d’alarme, pour finalement s’attaquer à de plus gros poissons. Le pas est franchi mais jamais dans la violence. Il insiste d’ailleurs sur le terme, il se définit comme un ex-"cambrioleur" et non pas un ex-braqueur.

« La cavale m’a servi »

Son fait d’armes le plus marquant : Noël 98 et le cambriolage de la Société Générale. David et ses quatre compères ont passé quatre mois à creuser un tunnel dans les égouts, pour que le 24 décembre, ils puissent récupérer leurs cadeaux non pas au pied du sapin mais dans le coffre-fort. Sur les cinq, ils sont deux à se faire attraper, dont David. Mais à 25 ans, David a déjà connu la prison et ne souhaite pas y retourner. Il profite de son transfert, après seulement 24 heures de garde à vue, pour s’évader. Une cavale qu’il estime rédemptrice. « J’aurais pu empirer mon état [...], cette cavale m’a fait comprendre que j’étais sur le mauvais chemin. [...] J’ai compris que dans la vie, il ne fallait pas faire attention qu’à sa santé, il fallait aussi faire attention à sa liberté. Et que c’était les deux piliers de base pour réussir dans la vie ». Une prise de conscience qui le pousse finalement à se rendre.

« C’est très dur de sortir de ce monde »

« Après avoir payé ma dette, je savais que j’allais pouvoir, une fois dehors, faire quelque chose de bien de ma vie ». David a eu le déclic, purge sa peine, mais à sa sortie, ce n’est pas si simple de retrouver la voie de l’honnêteté. « Rentrer dans le banditisme c’est assez facile, en sortir c’est très très dur ». Si au départ, cela peut être de la rigolade, la réalité est tout autre. Car dans ce monde-là, l’honneur et la parole donnée prime. C’est justement à cause d’une dette d’honneur qu’il replonge, avant une nouvelle fois de s’évader et de vivre en cavale.

Rire pour témoigner

C’est lors de cette ultime cavale que David s’éloigne définitivement de ce milieu. Il est quitte envers ses amis et aspire maintenant à vivre dans le droit chemin. Comment ? En devenant humoriste. Au fil des années, il s’est découvert cette passion, à force de raconter ses histoires et de voir les gens rire. L’humour et la dérision pour témoigner et faire passer des messages. Pour David, ce passé, à priori peu enviable, est devenu sa meilleure arme. Il monte alors sur scène sous le nom de Pinlu, l’envers de Lupin (ndlr: Arsène Lupin, gentleman cambrioleur de fiction), alors qu’il est toujours recherché. Plutôt culotté surtout quand David raconte qu’il terminait son spectacle précipitamment car « je suis en cavale, je dois partir ! ».

Un homme qui profite de son temps

Aujourd’hui, David Desclos n’est plus en cavale et pourtant il continue de vivre sa vie à cent à l’heure ! Il témoigne en prison avec sa femme Nora, le rappeur Stomy Bugsy et Marie-Ange La Rosa, ancienne victime d'un braquage, pour aider à la réinsertion des jeunes. Mais ce n'est pas tout. Entre son spectacle "Écroué de rire" mis en scène par Stomy Bugsy, la pièce "Un jour... J’irai à Détroit !", avec Stomy Bugsy et Cyril Guelle et la promotion de son livre "Une histoire vraie", aux éditions Flammarion, David « profite de son temps pour faire quelque chose d’utile ». Et il ne compte pas s’arrêter là puisqu’il prépare, toujours avec Stomy Bugsy, une série sur sa vie qui pourrait voir le jour sur Netflix...

Photo : Denis Chaltiel / legentilphotographe.com


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