Julien Arnaud sur le harcèlement scolaire : « les larmes, je pense qu’elles sont réservées à la famille. Le politique il se doit d’agir »
Publié le 07.06.2023
INTERVIEW/VIDÉO - Le journaliste politique à LCI Julien Arnaud déplore l’inaction de Pap Ndiaye suite au suicide de la jeune Lindsay. Il est également revenu sur la démission du maire de Saint-Brévin. Lui qui surveille de près Les Républicains, imagine déjà un LR prendre la suite d’Élizabeth Borne.
Si un sujet a retenu l'attention du journaliste, c’est bien « la démission du maire de Saint-Brévin », commence Julien Arnaud. Le maire de Loire-Atlantique a effectivement remis son écharpe tricolore suite à des insultes, des menaces et un incendie criminel sur sa maison. "Je pense que c’est un symbole qui dit beaucoup aujourd’hui de notre société. Depuis 2020 et les dernières élections municipales, ce sont près de 1300 maires qui ont démissionné. Alors les raisons sont multiples », reconnaît-il, « ce n’est pas lié qu’à des pressions, des insultes, des violences physiques. Mais il y a des maires qui jettent l’éponge ».
Élections municipales : « je ne vous dis pas la crise des vocations en 2026 ! »
Le journaliste étaye un peu plus son propos et fait remarquer que les violences ont augmenté de 32% en un an. « Ça se sont les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur », précise-t-il. « Donc ça veut bien dire quelque chose. Qu’est-ce qu’on fait ? Le gouvernement a présenté un plan, il y aura certainement une loi présentée à l’été prochain. Mais je trouve qu’on doit tous prendre conscience de ce qui est en train de se passer ».
« Les maires sont au cœur de la République », rappelle Julien Arnaud. « Et à partir du moment où il n’y a plus les maires, où on ne les respecte plus… C’est un mandat qui est en danger. Il y a des élections municipales, je ne vous dis pas la crise des vocations en 2026 ! Je trouve ça assez inquiétant et je crois que ça doit interpeller ».
« Des tweets, un petit peu de discours. On attend autre chose d’un ministre »
Le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye n’a pas été à la hauteur selon Julien Arnaud. Suite au suicide de la jeune Lindsay, 13 ans, victime de harcèlement scolaire, le 12 mai dernier, le journaliste attendait une réponse forte. Résultat : « des tweets. Un petit peu de discours et cetera. On attend autre chose d’un ministre », affirme-t-il, visiblement agacé. « Je ne dis pas que le sujet est facile ou qu’il peut se régler en un claquement de doigt ou de baguette magique, mais ça fait des années qu’on nous en parle. Je pense qu’on peut compter le nombre de colloques, de journées spéciales qui ont été faits, mais ça ne bouge pas, ça n’avance pas. On a l’impression qu’ils sont tous dépourvus », déplore le journaliste de LCI.
« Il y a un ministre, il est là, c’est à lui aussi d’agir »
« Il faut vraiment prendre le sujet à bras le corps », insiste Julien Arnaud. « Et les larmes, si les politiques en ont et qu’ils les commentent, je pense qu’elles sont réservées aux parents, à la famille. Le politique, il se doit d’agir. Et là c’est râté ». Pour notre Observateur de l’actu, « il n’y a pas eu de réaction à la hauteur ». « Il y a un ministre, il est là, c’est le patron de l’Éducation nationale, c’est à lui aussi d’agir et de taper du poing sur la table et de prendre vraiment ce sujet avec intérêt ».
Les Républicains mènent la danse avec l’immigration
Ces prochains jours, les yeux de Julien Arnaud seront braqués sur une famille politique : Les Républicains. « Ils sont vivants. Ça peut surprendre mais ils sont là, ils bougent encore, ils ont un parti ». « Alors ils font des propositions, vous savez, ils adoptent une stratégie qui marque. Quand vous êtes en difficulté, vous prenez un sujet bien clivant, bien controversé, vous brisez tous les tabous sur ce sujet-là, c’est l’immigration !” »
Un thème que connaît bien le parti de droite et permet à LR de donner le « la » sur la scène politique. « Ils mènent un peu la danse sur ce sujet, le gouvernement est lui en réaction. Donc de ce point de vue-là, c’est plutôt positif. Mais attention aux types de propositions qui sont faites, attention à ce qu’une espèce de disruption ne se transforme pas en populisme facile pour Les Républicains ».
« Mais ils sont bien là », maintient Julien Arnaud qui prête même aux Républicains des ambitions à Matignon. « Ils sont à surveiller et puis on verra bien si c’est un Républicain qui prend la suite d’Élisabeth Borne… Là aussi, c’est à suivre ! ».
Son interview en vidéo
Photo : DR