Dominique Da Silva sur la réforme des retraites : « le débat a eu lieu mais il n’a pas été à la hauteur des attentes »

Rédigé par Quentin LEPORT
Publié le 05.06.2023
INTERVIEW/VIDÉO - Député Renaissance du Val d’Oise, Dominique Da Silva estime que la proposition de loi du groupe LIOT visant à révoquer la réforme des retraites est « une supercherie, une provocation de plus ». L’absence de débat est due, selon lui, à un manque de temps « à ce moment-là ».
Selon Dominique Da Silva, on ne peut pas être satisfait de la situation actuelle, provoquée par le retrait de la proposition de loi du groupe LIOT visant à révoquer la réforme des retraites. « Je considère que c’est une supercherie, une provocation de plus parce que le débat sur la réforme des retraites, a été empêché à la base, parce qu’on n’a pas voulu examiner l’article 7, on n’a pas eu le temps de le faire à ce moment là » nuance-t’il.
Pour le député du Val-d’Oise, l’emploi de l’article 47-1 par la majorité est justifié. Il permet de limiter l’utilisation du temps des débats à l’Assemblée nationale, alors que plus de 20 000 amendements ont été déposés, notamment par des députés La France insoumise. De nombreux dépôts qui ont, selon lui, empêché les députés de la majorité de mener à bien leurs travaux parlementaires. « Il y a eu le 49.3 mais je rappelle qu’après lui, il y a eu une motion de censure, déposée par le groupe LIOT » ajoute-t’il.
« Je sais bien que le sujet des retraites est un sujet important pour les Français, mais il y a plein d’autres sujets très importants, et on le sait, ce report d’âge de départ, c’est évidemment quelque chose qui passe difficilement » confie Dominique Da Silva. Il croit « que ce report est nécessaire parce qu’on tient un équilibre budgétaire et encore une fois on n’a pas que les retraites à financer, on a plein d’autres politiques publiques qu’il faut pouvoir financer, on traverse actuellement une crise du logement, il va falloir aussi des moyens pour répondre à cette crise, la crise écologique, la crise à l’hôpital, à l’école ».
« Face à une provocation, à un parti anti-républicain, nous devons répondre de la sorte, parce qu’elle salit nos institutions »
De nombreux opposants aux gouvernement emploient le terme de « stratégie de l’usure » pour qualifier ce que fait actuellement la majorité. « Face à une provocation, à un parti anti-républicain, nous devons répondre de la sorte, parce qu’elle salit nos institutions » rétorque le député Renaissance. Il fait allusion à la NUPES dans son ensemble, à la France insoumise plus particulièrement et bien sûr à d’autres de leurs alliés.
« On considère que le débat a eu lieu, mais il n’a pas été à la hauteur des attentes. En regardant ce qu’il s’est passé on voit que certains l’ont empêché. L’article 7 aurait pu être examiné normalement, si on ne s’était pas opposé à son examen, ensuite on peut rejouer le match continuellement » développe Dominique Da Silva. « Un président de la commission des Finances qui décide de s’affranchir du respect, de cette base qui est quand même cette recevabilité du texte, forcément on est obligés de répondre à cette attaque et à ce non-respect de la Constitution. N’importe quel autre président de la commission des Finances n’aurait jamais accepté ce qu’Eric Cocquerel a accepté, donc à partir de là, oui on est dans un bras de fer, bien sûr qu’on va se défendre comme on peut, mais on ne peut pas accepter n’importe quoi » explique t’il.
« Je ne crois pas qu’on traitera le problème du harcèlement scolaire par la loi »
Pap Ndiaye, le ministre de l’Education nationale, a reconnu que le suicide de la jeune Lindsay au mois de mai, harcelée depuis des mois dans son établissement, était un échec collectif. « Je crois que c’est une priorité (de lutter contre le harcèlement scolaire), mais nous sommes face à un phénomène qui paraît incroyable, puisqu’il arrive après des alertes de la famille de la jeune fille » confie Dominique Da Silva. « Je pense qu’il y a des manquements, qui sont d’abord des manquements humains, parce que cette sensibilisation je pense qu’on la porte. Il y a eu énormément de communication autour de ce sujet, et encore une fois l’Etat ne peut pas répondre à la place des personnes qui sont sur le terrain et qui doivent faire en sorte que ces drames ne se produisent pas ». Pour le député Renaissance du Val-d’Oise, la responsabilité est collective, « parce que c’est une chaine de décision qui n’a pas été respectée. Pour autant, je ne crois pas qu’on traitera ce problème là par la loi ».
Multiplication des règlements de compte : « on est entre bandes rivales, on est dans quelque chose de très difficile à déceler »
Les règlements de compte par armes à feu, sur fond de trafic drogue se multiplient dans le pays, notamment à Marseille. Dominique Da Silva demande « qu’un maximum de policiers doit faire des investigations et trouver ces armes avant qu’elles ne servent ». « Pour autant, on est face à un phénomène qui a gagné dans beaucoup de quartiers. Je crois que le ministre de l’Intérieur agit, on a bien évidemment eu des résultats, encore insuffisants. Il est évident qu’il est nécessaire que des sanctions soient à la hauteur et qu’on essaye là aussi d’enrayer ces actions » explique-t’il. « On est entre bandes rivales, on est dans quelque chose de très difficile à déceler, mais évidemment que l’action est résolument soutenue par le terrain, mais est-ce qu’on a les moyens d’assurer une sécurité pleine et entière ? » se questionne l’élu Renaissance.
Son interview en vidéo
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