Aymeric Caron (LFI) sur l'Ukraine : « s'engager dans une voie uniquement militaire est une manière de faire délétère et dramatique »


Rédigé par Bastien COCHET

Publié le 06.04.2023


INTERVIEW/VIDÉO - Pour le député du groupe Insoumis à l'Assemblée nationale, Aymeric Caron, il ne faut pas être «  dans une escalade d'armement » en Ukraine. Il préfère privilégier l'accueil des ukrainiens en France ainsi que les aides humanitaires et économiques à Kiev. 

Aymeric Caron garde une certaine mesure sur la situation en Ukraine, considérant qu'il « ne fait pas partie de ceux qui disent qu'il faut être dans une escalade d'armement ». Le député parisien milite pour privilégier la voie diplomatique. Il souhaite poursuivre le soutien au peuple ukrainien en continuant à les accueillir en France ainsi qu’en envoyant de l'aide humanitaire et économique à Kiev. Aymeric Caron pose également la question de la limite d'une aide militaire de la France.

Pour lui, il est inconcevable d'envoyer des soldats français sur le sol ukrainien et il estime que « s'engager dans une voie uniquement militaire est une manière de faire délétère et dramatique ». Rien d'étonnant pour celui qui se définit lui-même comme pacifiste, « en toute circonstance, en tout moment, il faut toujours essayer de privilégier la voie de la diplomatie et du dialogue, même avec un interlocuteur qui parait infréquentable ». Pour ceux qui pourraient trouver le député de la NUPES trop conciliant avec le Kremlin, il rappelle « nous devons être intraitables face à Vladimir Poutine et soutenir l'Ukraine ».

 « Le chemin législatif qui a été choisi par le gouvernement est un chemin malhonnête ».

Lors de l'examen de la réforme des retraites, l'attitude de la NUPES et plus particulièrement des députés du groupe LFI dont fait partie Aymeric Caron a été vivement critiquée. Les parlementaires ont déposé des milliers d'amendements, pour la plupart identiques afin de ralentir les débats. Ces amendements devaient permettre au groupe du député, selon lui, de mener le rythme des débats pour accélérer à certains moments et temporiser à d'autres. Il assume : « si nous avions eu des circonstances normales pour étudier ce texte, les choses se seraient passées différemment » et remet en cause la méthode du gouvernement de passer par un projet de Loi de financement rectificative de la sécurité sociale, « la logique était : ce texte nous a été proposé dans un véhicule législatif qui n'est pas adapté et démocratique (...) avec un délai extrêmement court qui rendait impossible l'examen entier de la loi ». Il persiste et signe, « le chemin législatif qui a été choisi par le gouvernement est un chemin malhonnête ».

Ces milliers d'amendements avaient pour but de ne pas aller jusqu'à l'examen de l'article 7 du projet de loi, repoussant l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Plusieurs milliers d'entre eux ont été retirés lors des derniers jours de débats, mais pas assez pour aller jusqu'à un vote, loin d'être acquis pour la majorité présidentielle. Et Aymeric Caron l'assure, « à titre personnel, ça ne m'aurait pas dérangé qu'on vote l'article 7. Je ne suis pas sûr que la majorité relative aurait eu une majorité sur cet article là ».

Un camouflet stratégique de la part de la France Insoumise donc, qui a aussi été l'objet de polémiques lors de l'examen du texte de loi. Que ce soit à travers le député Thomas Portes posant avec le pied sur un ballon à l'effigie d'Olivier Dussopt, ou lorsque qu'Aurélien Saintoul, élu dans les Hauts-de-Seine, qualifie le ministre du Travail d'assassin, ces épisodes ont nui à la communication de la NUPES lors des débats. Pour Aymeric Caron, questionné sur la maladroitesse de ces évènements, « ce ne sont pas des bourdes, mais ce n'est pas ce que j'aurais fait »

« L'agriculture devrait être un domaine public au même titre que l'éducation ou la santé »

L'inflation touche les ménages depuis plusieurs mois, elle devrait atteindre un plateau au mois de juin. Un sujet particulièrement tendu sur les produits alimentaires qui a poussé le gouvernement à mettre en place un panier anti-inflation avec un résultat en demi-teinte. Pour Aymeric Caron, l'effort doit être fait par les distributeurs mais « sur tous les sujets qui concernent ceux qui s'en mettent plein les poches dans ce pays, le gouvernement ne fait que de l'incitation. Je pense qu'aujourd'hui on pourrait contraindre ». Il juge qu'« un effort supplémentaire doit être demandé à ces grands groupes ». Le député propose par exemple une échelle de marge des distributeurs au-delà de laquelle ils ne pourraient pas fixer leurs prix, car il considère le système actuel comme une forme d'exploitation, voire d'esclavagisme des agriculteurs.

Pour renverser la table, la solution est claire pour l'ancien journaliste, « tant qu'on sera dans le système des subventions agricoles de la PAC, les agriculteurs ne s'en sortiront jamais ». Dans son agriculture rêvée, il souhaiterait que les agriculteurs soient considérés comme des fonctionnaires et qu'on leur garantisse un revenu. En effet la plupart des agriculteurs aujourd'hui ne dégagent qu'un très faible revenu de leur exploitation et Aymeric Caron considère que « les petites aides en coup par coup est ce qui est en train de tuer nos agriculteurs ». Pour cela, il souhaite institutionnaliser la question agricole, « l'agriculture devrait être un domaine public au même titre que l'éducation ou la santé ».

Evidemment le militant anti-spéciste est aux antipodes de l'agriculture traditionnelle intensive aujourd'hui majoritaire en France. Aymeric Caron souhaiterait des cultures 100% bio, produire moins de viande en reconvertissant des éleveurs dans le végétal et une agriculture sans pesticides. 

Son interview en vidéo

Photo : MRG Médias


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