Pour Guilhem Carayon (LR), si la réforme des retraites ne passe pas, ce sera « l’échec le plus criant du quinquennat d’Emmanuel Macron »

Rédigé par Quentin LEPORT
Publié le 08.02.2023
INTERVIEW/VIDEO - Selon Guilhem Carayon, porte-parole et vice-président des Républicains, la « réforme des retraites doit permettre d’équilibrer le système ». Il faut donc « travailler un peu plus longtemps, travailler deux années de plus », avec comme « contrepartie, la justice sociale ».
Le gouvernement a déjà accepté de faire plusieurs concessions pour obtenir les voix des députés Les Républicains. Parmi elles, la pension de retraite mensuelle à 1200 euros. « Dans le projet initial du gouvernement, celui-ci ne prévoyait pas d’augmenter ses pensions de retraites minimales, pour les retraités actuels, or ce sont deux millions de personnes qui sont concernées » explique le vice-président des Républicains. « L’amendement qui est pour nous le plus essentiel chez LR, le plus fondamental et sur lequel on ne lâchera pas, c’est celui des carrières longues. Vous avez aujourd’hui un système des carrières longues qui est complètement injuste ».
Guilhem Carayon détaille : « il faut avoir cotisé pendant cinq trimestres pour pouvoir bénéficier de ce dispositif avant 20 ans. Si vous avez commencé à bosser à 20 ans vous allez devoir aller jusqu’à l’âge légal de 64 ans dans la logique du gouvernement, donc faire 44 anuités de travail, pendant que les autres vont s’arrêter au bout de 43 annuités ».
Il y a une injustice envers ceux qui ont commencé tôt car ce sont « souvent ceux qui ont travaillé dans des métiers qui sont plus pénibles, qui épuisent le corps ». « Donc nous, nous avons cette question des carrières longues, qui est selon nous essentielle, sur laquelle on ne lâchera pas et sur laquelle on veut mener un bras de fer avec le gouvernement et que le gouvernement plie ». Le porte-parole est conscient de la position de force qu’a son parti, « parce qu’aujourd’hui on est dans une situation à l’Assemblée nationale où ils ont besoin du vote des députés LR. Sans nous, ils ne peuvent pas le faire passer à moins d'utiliser un 49.3, je ne crois pas que ce soit la situation privilégiée »
Indispensable de changer le système ?
Guilhem Carayon est persuadé que la majorité utilisera l’article 49.3 de la Constitution s’ils n’écoutent pas la position des Républicains. « Nous, on estime qu’une réforme des retraites doit permettre d’équilibrer le système et donc la condition sine qua non c’est de travailler un peu plus longtemps, travailler deux années de plus, mais il faut qu’il y ait une contrepartie et la contrepartie, c’est la justice sociale » explique le jeune cadre de LR. Il est également possible, selon lui, que le gouvernement n’aille pas au terme de la réforme engagée et « ça sera je le pense, l’échec le plus criant du quinquennat d’Emmanuel Macron » explique Guilhem Carayon.
Les Républicains font-ils vraiment encore partie de l’opposition ? Ils sont les seuls en son sein, à ne pas vouloir le retrait de la réforme ou le retour au départ en retraite à 60 ans. Le vice-président de LR justifie ce choix par le fait qu’un retour « à la retraite à 60 ans, ça serait faire perdre complètement l’équilibre à notre système par répartition ». Guilhem Carayon explique que si la réforme n'a pas lieu, nous aurons un déficit qui s’élèvera à treize milliards d’euros à l’horizon 2030, selon l’évaluation du COR (Conseil d’orientation des retraites). « Nous ce qu’on dit à droite et on est cohérents, on est fidèles à ce qu’on dit depuis toujours, c’est que la réforme des retraites doit être faite pour équilibrer le système ». « On ne peut pas se permettre d’accumuler les dettes, et d’en léguer une qui sera abyssale, on a déjà 3 000 milliards d’euros de dette » martèle le porte-parole des Républicains. Cette dette pèse sur tout le monde, précise Guilhem Carayon.
Les Républicains, toujours un parti d’opposition, différent des autres
« Quand le gouvernement sort un projet qui va plutôt dans le bon sens, il faut le soutenir ». Même si LR s’est quand même « battu pour le corriger, mais être dans une opposition systématique sans jamais apporter de solution, je ne crois pas que ça serve à grand chose ». Pour le porte-parole, « les Français attendent de l’opposition qu’elle soit responsable, un minimum constructive, qu’elle ait des solutions à proposer, c’est comme ça qu’on bâti l’alternance pour le pays ».
Pas question de parler d’une collaboration existante entre Les Républicains et Renaissance pour le vice-président de LR. « Vous verrez lors du débat sur la réforme des retraites à quel point on n’est en aucun cas les alliés de la majorité ». « Moi je m’oppose à un peu près tout ce qu’a fait le gouvernement pendant 5 ans, pas par rapport à la personnalité d’Emmanuel Macron mais parce que je crois que sa politique est particulièrement injuste ». Guilhem Carayon persiste, « non, on n'est en aucun cas les alliés du président de la République, et on défend une opposition qui est raisonnable. C’est peut être pas à la mode d’être raisonnable aujourd’hui dans notre société mais nous on entend l’être ».
Son interview en vidéo
Photo : DR