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Pour Robin Reda (Renaissance), La réforme des retraites « n’a pas vocation à mettre fin à toutes les injustices qui existent dans ce monde »


Rédigé par Quentin LEPORT

Publié le 07.02.2023


INTERVIEW/VIDÉO - Le député Renaissance de la 7ème circonscription de l’Essonne, Robin Reda, juge important de rappeler « qu’il y a quasiment dix ans qui vont s’écouler avant que les Français ne partent en moyenne à 64 ans ». Il précise par ailleurs que la réforme des retraites « n’a pas vocation à mettre fin à toutes les injustices qui existent dans ce monde et qui sont révoltantes ».

Si les Français semblent défavorables à une réforme des retraites, selon Robin Reda, c'est parce qu'elle demande « un effort qui vient dans une période qui est difficile pour chacune et chacun, parce qu’elle vient dans un contexte d’inflation, un contexte où parfois les salaires sont trop bas même si l’emploi est reparti fortement à la hausse ». Le député de la majorité précise « que l’on n’est pas dans une société idéale, loin de là et que donc cet effort supplémentaire qui est demandé aux Français, est évidemment vécu comme quelque chose de difficile dans cette période ».

Pour les Français les plus pauvres, dont l’espérance de vie ne dépasse pas 62 ans, Robin Reda rétorque que la réforme « n’a pas vocation à mettre fin à toutes les injustices qui existent dans ce monde et qui sont révoltantes »« 5% des plus pauvres ont beaucoup moins de chances d’arriver à l’âge de la retraite en bonne santé voire de mourir, mais on parle d’une partie de la population qui est déjà malheureusement en dehors de l’emploi et c’est donc un travail sur toute la chaîne ».

Un projet de loi légitime selon la majorité

Robin Reda estime que « le dialogue a eu lieu et continue à avoir lieu » et que « cette réforme ne tombe pas de nulle part, qu’elle arrive après une élection présidentielle et une élection législative où les uns et les autres ont présenté des projets et notamment la réforme des retraites ». Il ajoute, « elle arrive après trois mois de discussions avec les partenaires sociaux ».

Emmanuel Macron a déclaré lors de sa réélection en avril 2022 : « je sais que nombre de nos compatriotes ont voté pour moi, non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite, je veux leur dire que j’ai conscience que leur vote m’oblige ». Pour Robin Reda, les propos du président de la République n’engageaient pas forcément la réforme des retraites. « Je voudrais ensuite vous préciser qu’il y a eu des élections législatives même si la majorité présidentielle n’a pas eu la majorité absolue, on peut remarquer que d’autres formations politiques, je pense aux Républicains, avaient le projet de réforme dans leur projet ». Il poursuit que l'« on peut donc considérer qu’il y a une majorité de députés à l’Assemblée nationale qui ont été élus sur un programme consistant à réformer les retraites ».

« Dans les projets qui ont été proposés aux Français au cours de l’année 2022, il ne vous a pas échappé qu’il y avait deux grandes visions de la France qui s’opposaient » explique le député. « Une vision très fermée, une vision très protectionniste, parfois sur le repli sur soi, qui était soit celle de l’extrême droite, soit celle de l’extrême gauche et puis le projet du président de la République qui voulait réformer profondément la France ». Il précise que le projet d’Emmanuel Macron consiste aussi à continuer à préserver l’emploi, préserver notre modèle social. Ce projet de loi ne fait plaisir à personne pas même au gouvernement, qui est chargé de le mettre en œuvre « parce que ça n’est jamais une partie de plaisir mais c’est une façon de préserver notre modèle social ».

Une transition progressive vers les 64 ans

Robin Reda rappelle « qu’on ne décale pas l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans le mois prochain, ni même en septembre prochain mais qu’on parle de 2030 ». Il y a une génération « qui à partir de l’année prochaine travaillera trois mois en plus, puis ensuite ça sera six mois de plus et ainsi de suite jusqu’à 64 ans ». « Contrairement à ce qu’on pourrait croire parfois quand on entend le discours médiatique, nous ne sommes pas dans une transition dure vers les 64 ans, il y a quasiment dix ans qui vont s’écouler avant que les Français ne partent effectivement en moyenne à 64 ans ».

L’organisation OXFAM suggère une alternative qui consiste à taxer les milliardaires Français à auteur de 2% afin de financer le déficit attendu des retraites. Robin Reda qualifie cette proposition de fantaisiste et rappelle que le projet initial de réforme des retraites par répartition faisait partir les Français en retraite à l’âge de 65  ans. « Ce modèle-là est fondé sur le travail des actifs qui financent les retraites de ceux qui ont travaillé précédemment, c’est à dire ceux qui sont retraités » précise-t-il. « C’est un beau modèle qui valorise le travail, qui n’est pas une prison, qui peut être pénible et il faut l’entendre, il faut le prendre en compte dans la réforme mais moi je ne considère pas que le travail soit une prison ». Pour Robin Reda, c’est davantage un endroit « de sociabilité, d’émancipation, qui est important dans une société ». Il veut « des retraités qui puissent vivre décemment à la retraite, on l’espère dans leur grande majorité et pour ce faire, il faut que leurs pensions soient décentes et il faut donc qu’il y ait des gens pour les payer ».

À l’heure où beaucoup de Français sont confrontés à des difficultés économiques, causées notamment par la hausse des prix des produits de la vie courante et de l’électricité, Robin Reda pense qu'elle est nécessaire pour plusieurs raisons. « Si l’on veut un avenir qui soit celui d’une France qui offre le même modèle social que celui de vos parents, de vos grands-parents, c’est à dire des soins gratuits, une éducation, un enseignement supérieur, à un bon emploi, à un bon salaire, à une vie confortable, il faut qu’on puisse regarder les réalités économiques du pays ». Le député ajoute que « si l’on veut garder le modèle des retraites, il faut le financer, sinon on peut aussi changer de modèle et faire un modèle du chacun pour soi où les uns et les autres devront cotiser pour payer les retraites ».

L’immigration, un autre projet important à venir

La majorité porte également un projet de loi sur l’immigration. Pour Robin Reda, la question de la maitrise des frontières est légitime dans notre démocratie. « Il y a 70% aujourd’hui des Français qui s’inquiètent de l’immigration dans le pays, ça veut dire que ça va bien au-delà de ceux qui peuvent avoir des positions extrémistes ou xénophobes, c’est une inquiétude qui relève de l’identité, de la capacité à préserver notre modèle social et à faire en sorte qu’il puisse y avoir de la solidarité pour tous ». « Il faut que ce projet de loi puisse être adopté par une large majorité et que ce soit un projet de loi de fermeté vis-à-vis de ceux qui ne respectent pas nos lois ». Robin Reda précise que beaucoup sont passés à côté de l’intégration parce qu’on ne leur a pas donné la chance de pouvoir s’insérer, travailler dans des conditions agréables.

Le secteur santé en difficulté depuis de très nombreuses années

En réponse aux problèmes que connaît le domaine de la santé et aux grèves des médecins, Robin Reda avance que l’on a trop de territoires de désertification, qu’il faut pouvoir agir pour renforcer la collaboration avec les médecins, les infirmiers, les professions médicales, paramédicales, pour qu’on ait plus de professions de santé dans les territoires. « Dans l’hôpital public, il y a un énorme investissement qui est fait depuis la crise des gilets jaunes, depuis la crise sanitaire, pour réinvestir dans les hôpitaux et pour augmenter le salaire des soignants » avance t’il.

« La légalisation du cannabis permettrait paradoxalement de mieux réguler les canaux de distribution et de faire plus de prévention »

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) s'est récemment dit favorable à une légalisation encadrée du cannabis. « C'est un sujet sur lequel j’ai beaucoup travaillé, notamment sur le précédent mandat pour essayer de dépassionner ce débat, justement de ne pas le caricaturer » explique Robin Reda. « En France, on a la caractéristique d’avoir la législation la plus dure vis-à-vis des consommateurs de cannabis et pourtant on est le pays qui en Europe en consomme le plus.  Il y a un million d’usagers quotidiens, il y a donc un écart grandissant entre notre législation et notre capacité à faire face » ajoute le député de l’Essonne. Il ne sait pas, à l’appui des études qu’il a faites, si rendre légal le cannabis règlerait tout, mais que ce qui est certain, c’est que « la législation actuelle ne permet pas de faire baisser le nombre de consommateurs dans le pays ». Robin Reda émet l’hypothèse que la législation actuelle puisse servir à résorber certaines poches de délinquance, des trafics, à arrêter des criminels, mais que « ça ne fait pas baisser la consommation de cannabis en particulier chez les jeunes ». « Je crois qu’il faut souhaiter faire baisser la consommation de cette drogue chez les jeunes. La légalisation permettrait paradoxalement de mieux réguler les canaux de distribution et de faire plus de prévention » conclût-il.

Son interview en vidéo

Photo : DR

 

 


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