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Abdelkrim Grini considère que « notre société ne peut pas et surtout ne doit pas accepter » de se faire justice soi-même


Rédigé par Quentin LEPORT

Publié le 09.11.2022


INTERVIEW/VIDÉO - Pour le procureur de la République de Roanne, l’action du père de famille menée à l’encontre du jeune homme de seize ans est une « expédition punitive ». Abdelkrim Grini est en charge de l'affaire d'un homme qui s'est fait justice lui même, les accusés encourent « sept années d’emprisonnement ».

Le père et ses trois complices comparaitront tous devant la justice en janvier 2023 pour leur acte perpétré dans la nuit du 22 au 23 octobre. Ils sont poursuivis pour violences aggravées par des circonstances ayant entrainé une incapacité totale de travail supérieure à huit jours. Ils encourent «  sept années d’emprisonnement ». « Le père de famille est connu pour de nombreux faits, il a plusieurs mentions dans son casier judiciaire » explique le procureur de la République de Roanne. Les trois amis du principal accusé sont également connus pour des infractions mentionnées dans leur casier judiciaire. Pour Abdelkrim Grini, cette situation pourrait amener à une personnalisation de la peine, « cela signifie qu'elle est décidée en fonction des faits, en fonction de leur gravité mais aussi en fonction de la personnalité. Quelqu’un qui a un casier judiciaire vierge ne sera pas condamné de la même manière que quelqu’un qui a déjà plusieurs mentions à son casier, c’est normal ». « Ce sont des éléments dont le tribunal tiendra compte dans le cadre de son jugement » ajoute-t-il.

« En droit français, une agression sexuelle lorsqu’elle est commise sur un mineur de moins de quinze ans fait encourir une peine de dix ans puisqu’on considère que la minorité de moins de quinze ans est une circonstance aggravante » précise le magistrat au sujet du mineur de seize ans. Celui-ci est accusé d’agression sexuelle sur une petite fille, raison pour laquelle son père et ses complices l'ont pris pour cible. Il s’agit dans le cadre législatif français du maximum, concernant un délit. Le viol, lui, est une infraction criminelle sanctionnée de vingt ans de prison.

La réaction du père de famille est une « expédition punitive »

Abdelkrim Grini comprend la réaction du principal accusé, mais ne la cautionne pas. Réaction qu’il qualifie « d’expédition punitive » menée avec trois amis pour passer à tabac le jeune homme de seize ans. S’il ne l'approuve pas, c’est « parce que l’état de droit ne le permet pas ». La loi prime en France, tout comme l’institution judiciaire, qui mène les investigations, défère les personnes devant le tribunal et, lorsqu’elles sont reconnues coupables, les sanctionnent. « Ce n’est pas à chacun de se faire justice lui même dans son petit coin, parce que sinon c’est la porte ouverte à la vendetta, à la jungle, au chaos, et notre société ne peut pas l’accepter et surtout ne doit pas l’accepter » martèle-t-il.

Un adolescent de seize ans est soupçonné d’avoir agressé sexuellement une fillette de six ans à Roanne dans la nuit du 20 au 21 octobre. Le lendemain, le père de cette dernière et trois amis à lui l’ont retrouvé et rué de coups. Le jeune homme a été placé en détention provisoire et mis en examen pour « agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans » le 23 octobre. Le procureur de la République de Roanne Abdelkrim Grini a également ouvert une enquête visant le père de l’enfant et ses complices pour « violences aggravées en réunion et avec usage d'une arme ».

Son interview en vidéo

Photo : DR


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