Pour Pierre Dharréville (PCF), les propos de Grégoire de Fournas « révèlent le fond xénophobe du RN »
Publié le 08.11.2022
INTERVIEW/VIDÉO - Le député PCF n’est pas surpris des propos du député Rassemblement national, Grégoire de Fournas. Marine Le Pen, elle, ne les condamne pas. Preuve pour le communiste que ces mots « ne lui posent pas tellement de problèmes ». Il a également fustigé le gouvernement et ses « penchants autoritaires » après la quatrième utilisation du 49.3 en trois semaines.
Dans « 20h, l'invité », le député communiste des Bouches-du-Rhône est sans équivoque, « ce sont des propos inacceptables et profondément révoltants ». Quelques heures à peine après la condamnation du député du Rassemblement national Grégoire de Fournas et son expulsion de 15 jours de l’Assemblée nationale, Pierre Dharréville estime « qu’il est normal qu’il soit condamné ». « En même temps, je ne suis pas complètement surpris d’entendre ces propos-là de la part de l’extrême-droite. C’est leur conviction politique ».
Deuxième député de l’histoire à recevoir cette condamnation, il affirme qu’il s’agissait d’une position politique et non d’une insulte à l’égard du député Nupes Carlos Martens Bilongo. Marine Le Pen et l’ensemble des députés RN font bloc. « C’est que ça ne lui pose pas tellement de problèmes visiblement ! », fustige Pierre Dharréville. « Ce sont des propos qui correspondent à une idéologie qui est contraire à celles de la République, qui révèlent le fond xénophobe qui est celui du RN ».
« Je ne mélange pas les élus et les électeurs du RN »
Si Pierre Dharréville veut combattre ces idées, il reconnaît cependant son droit de revenir siéger à l’Assemblée nationale une fois son exclusion temporaire terminée. « Il a été élu », soupire-t-il. « Pour moi il défend des valeurs, comme l’ensemble du RN, qui sont anti-liberté, anti-égalité, anti-fraternité. Donc ça pose un problème à la République. Après, il a été élu au suffrage universel, donc il siège. C’est la règle démocratique ».
Le député PCF prête également attention à ne pas s’aliéner les électeurs RN, que certains à gauche aimeraient bien reconquérir. « Je ne mélange pas les élus des électeurs du RN », explique-t-il. « Je ne sais pas ce que les gens qui l’ont élu savaient de lui, je ne sais pas quel message ils ont voulu envoyer en votant pour lui. Je ne mélange pas les choses ».
49.3 en série, une dérive autoritaire qui ne « date pas d’hier »
Loin d’en avoir uniquement après le Rassemblement national, Pierre Dharréville s’est montré inquiet quant aux méthodes de la majorité et du gouvernement. « Ça ne date pas d’hier ! », ricane l’élu. « On a constaté au fil du premier quinquennat une pratique très solitaire du pouvoir et, effectivement, des penchants autoritaires qui se sont exprimés de différentes façons, y compris pendant la crise covid ». « On a là un gouvernement qui est fragilisé et qui a décidé, contrairement à ce qu’il avait annoncé, de passer en force et de ne pas laisser la place à la discussion avec le Parlement. Or, il n’a pas de majorité absolue et devrait redoubler d’efforts pour essayer de nouer une discussion ». Pour le communiste, Emmanuel Macron doit « admettre qu’il n’est pas légitime à faire aboutir les projets tels qu’il les entend lui tout seul et devrait prendre en compte d’autres visions ».
Motions de censure Nupes-RN : « je n’ai rien en commun avec le RN »
Si Marine Le Pen a appelé ses députés à voter les motions de censure de la Nupes, les communistes ont été plus réticents à voter pour celles émises par le RN. Certains appelaient même les députés d’extrême-droite à ne pas voter les motions émises par la Nupes. « Elle peuvent aboutir sans le RN, un jour », se défend Pierre Dharréville qui mise sur une fracture de Renaissance. « On ne sait pas ce que va devenir la majorité qui est déjà tiraillée ! ». « La motion de censure si vous voulez, c’est un outil qui nous permet d’affirmer notre révolte, une protestation vigoureuse et de mettre en cause la légitimité du gouvernement. Et j’ai à quatre reprises voté cette motion de censure pour émettre cet avis », rappelle Pierre Dharréville.
S’il les a toutes votées, l’élu des Bouches-du-Rhône renonce à toute alliance de circonstance avec l’extrême-droite. « Moi, je n’ai rien en commun avec le RN et donc je ne vais pas tricher là-dessus, il n’y a pas de projet commun ». Entre son combat avec la majorité et le RN, Pierre Dharréville ne saurait choisir. « La question c’est : quelle est l’alternative ? Il n’y a pas d’alternative qui rassemble la Nupes, le Parti communiste et le RN ».
Son interview en vidéo
Photo : DR