Michèle Rivasi (EELV) : « Sandrine Rousseau est allée trop loin »
Publié le 13.10.2022
INTERVIEW/VIDÉO - Quelques jours après le début de l’affaire Julien Bayou, la députée européenne EELV Michèle Rivasi est très critique sur méthodes de Sandrine Rousseau, elle pointe aussi du doigt des dysfonctionnements au sein même d’Europe Écologie Les Verts. Elle était l'invitée de MRG.
« Je trouve que la méthode de Sandrine Rousseau est allée trop loin, déplore Michèle Rivasi. Pour moi c’était à la victime de s’exprimer. Utiliser Sandrine pour dire qu’elle avait fait une tentative de suicide, ce n’était pas à elle de le faire ». Une faute de la part de la députée EELV de Paris, selon Michèle Rivasi, mais elle n’est pas la seule. Le parti entier souffre selon elle d’un « dysfonctionnement ».
Depuis les révélations de Sandrine Rousseau le 19 septembre dans l’émission C à vous, l’affaire Julien Bayou a pris des proportions allant bien au-delà de l’affaire interne à Europe écologie - Les verts. « Là où il y a eu aussi une faute au niveau des Verts, explique la députée européenne, c’est qu’il y a une cellule d’écoute qui a pris du temps ». « C’était à cette cellule de voir si les faits étaient importants ou pas », explique-t-elle. Julien Bayou avait en effet demandé à quatre reprises d’être entendu par cette cellule.
« On est un peu dans l’inquisition »
« Ce qui m’a choquée, poursuit Michèle Rivasi, c’est que j’ai l’impression qu’on est un peu dans l’inquisition. Il y a des gens qui s’octroient le droit d’aller fouiller dans la vie privée des gens et d’aller les mettre face à la vindicte populaire et ça pousse les gens à démissionner ». Michèle Rivasi parle notamment des « louves d’EELV », dont elle a appris l’existence dans la presse. Ces louves, un groupe informel de militantes révélé par Libération, menaient leurs propres enquêtes sur Julien Bayou. Celles-ci, parfois des ex-compagnes de l’intéressé, l’accusent d’être un manipulateur, voire « un prédateur ». « C’est vraiment les procès de Moscou ! », s’insurge la députée européenne. « Si elles estiment que Julien Bayou est un prédateur, si elles estiment qu’il a un comportement incorrect, à ce moment elles font une tribune ! Mais de là à faire une enquête interne... », soupire Michèle Rivasi.
Julien Bayou « est une victime collatérale d’un déficit au sein du parti »
Sur la cellule autour des violences sexistes et sexuelle du parti, Michèle Rivasi reconnaît qu’« il y a un problème. C’est bien d’avoir cette cellule, les gens ont été formés, mais là elle a pris trop de temps ! Donc les médias se sont emparés de cette affaire plus vite que cette cellule d’écoute ».
Pour la députée européenne, Julien Bayou « est une victime collatérale d’un déficit au sein du parti ». Celui-ci a depuis démissionné de son poste de secrétaire national du parti et avait déjà annoncé ne pas vouloir se représenter au prochain congrès, prévu dans quelques mois. Une décision que Michèle Rivasi comprend, tout en faisant remarquer que « personne ne lui a demandé ». « Il faudra qu’on prenne du temps pour améliorer la situation » explique l’élue qui espère que de tels évènements ne reproduisent pas.
Une femme secrétaire nationale : « pour moi c’est très important »
À quelques mois du congrès d’Europe écologie - Les verts, Michèle Rivasi « attend les candidatures ». Elle qui avait un temps envisagé tenir ce poste affirme que cette idée n’est plus d’actualité. « Je vais finir mon mandat de députée européenne et après on verra la suite. Mais comme secrétaire nationale non ». Parmi toutes les possibilités, un critère sera décisif dans son choix. « J’attends qu’il y ait une femme qui se présente. Pour moi c’est très important. Marie Tondelier se présente mais il peut y en avoir d’autres, moi j’attends de voir les présentations et surtout les programmes ». Et pourquoi pas Sandrine Rousseau, secrétaire nationale ? Si elle reconnaît ses différences avec la députée, Michèle Rivasi ne ferme pas totalement la porte. « Elle va certainement se présenter, pense-t-elle. On verra son programme et ce que les militants décident ».
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Photo : DR