Belkhir Belhaddad (Renaissance) : « personne n’est aujourd’hui, capable de dire exactement ce qu’est un super-profit »
Publié le 07.09.2022
INTERVIEW/VIDÉO - Le député Renaissance Belkhir Belhaddad était dans « 20h, l’invité » vendredi 2 septembre, sur MRG. Interrogé sur « la fin de l’abondance » annoncée par Emmanuel Macron, l’élu a défendu le franc parler du président. S’il appelle les plus riches « à faire plus » dans la crise énergétique, il reste opposé à de nouvelles taxations sur les sociétés, notamment contre les « super-profits ».
« On dit juste la vérité aux Français », justifie Belkhir Belhaddad. La fin de l’abondance, cette formule du président de la République a été très mal reçue par une partie de la classe politique et de la population. À l’heure où l’inflation atteint des records jamais vus depuis 1985, le député affirme que « ce que dit le président, c’est que nous avons tous les jours accès à des biens sans trop y penser, comme le gaz ou l’eau. Et assez souvent, nous les ‘sur-consommons’ par rapport à nos besoins. Quand on voit le nombre de douches que l’on peut prendre chaque jour, lorsque l’on réalise la performance énergétique d’un logement… on rencontre encore beaucoup de personnes qui continuent de se chauffer à 22 ou 23 par accoutumance ».
« On a fait beaucoup pour protéger les Français »
Belkhir Belhaddad rappelle que sa majorité « a pris un certain nombre de mesures pour limiter cette inflation », en soulignant que Renaissance a « commencé par protéger ceux qui en avaient le plus besoin ». « On a fait beaucoup pour protéger les Français, explique l’élu. Et essentiellement pour les personnes qui sont en très grande difficulté. On a limité par exemple, la hausse du prix de l’électricité à 4%, le blocage du prix du gaz qui sont toujours au tarif de 2021… On a une des inflations les plus basses d’Europe grâce à tout ce travail-là ».
L’inflation reste élevée, et pourrait continuer de grimper. Plusieurs groupes à l’Assemblée appellent à davantage de mesures, comme le blocage des prix. Mais pour Belkhir Belhaddad, la solution n’est pas dans de nouvelles taxes. Il faudrait, selon l’élu, « que les entreprises fassent ce que le gouvernement a fait pour le pouvoir d’achat des Français. C’est à dire des ristournes aux consommateurs, des primes aux salariés… ». Le message est clair. Le député est contre de nouvelles taxes, le gouvernement doit se contenter d’inciter les entreprises à aider le portefeuille des Français.
« Trouver les solutions qui soient les plus justes pour tous les Français »
Belkhir Belhaddad n’est donc pas convaincu par l’idée du gel des prix. « Aujourd’hui, ce n'est pas cette mesure qui est préconisée », avance-t-il sans pour autant citer d’économiste ou d’étude particulière. De la même manière, le député se dit contre « la baisse de la TVA, puisqu’elle va impacter autant ‘celui qui a peu’ que ‘celui qui a vraiment’, les moyens de se payer un niveau de consommation assez élevé. On trouve que ce n’est assez inégalitaire », explique l’élu de Moselle. « Il faut véritablement essayer de trouver les solutions qui soient les plus justes pour tous les Français, quelles ques soient leurs capacités ».
Des mesures inégalitaires pour tous les Français, mais sans préciser exactement lesquelles. Belkir Belhaddad reste par ailleurs fébrile à l’idée de nouvelles mesures pour mettre la pression sur les plus grandes entreprises et leurs “super-profits”. “Personne n’est aujourd’hui capable de me dire exactement ce qu’est un super-profit”, argue Belkir Belhaddad. Des mots semblables au ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui affirmait il y a peu « ne pas savoir ce que c’est ». Dans le même temps, la Première ministre Elizabeth Borne disait dans une interview accordée au Parisien « ne pas fermer la porte » à une taxation sur les super-profits. Difficile d’accorder ses violons.
Sur les jets privés : « je ne suis pas sûr que ce soit un privilège »
« Tout le monde doit faire des efforts, aussi bien les riches que les plus modestes », reconnait le député Renaissance qui va même jusqu’à affirmer que « les riches doivent faire plus » dans cette crise. « Après, de là à interdire les jets privés, je ne suis pas sûr ». Si l’élu consent à ce que les plus aisés soient plus sollicités, il n’est « pas sûr que (les jets privés) soient un privilège ». À l’heure où de plus en plus de voix s’élèvent contre ces vols privés et polluants, Belkhir Belhaddad ne voit pas là une des priorités sur lesquelles devrait s’attarder la majorité. « Il ne faut pas faire une fixette là-dessus, explique-t-il. Il faut regarder là où on a le plus d’impact ». L’élu rappelle également que l’impact carbone des jets privés serait finalement assez faible, à peine 0,04% au total. « On peut s’occuper des jets privés mais ce n'est pas l’essentiel de l’impact carbone ».
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Photo : DR