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Raphaël Schellenberger (LR) sur Éric Coquerel : « je suis effrayé par le personnage »


Publié le 07.07.2022


INTERVIEW/VIDÉO - Invité dans Time Break, sur MRG, le député Les Républicains du Haut-Rhin a partagé ses craintes quant à « la montée des extrêmes » à l’Assemblée nationale. Très critique de la Nupes, il défend également le bilan des Républicains. Il appelle aujourd’hui son parti à trouver une personne pour « incarner ses valeurs ».

« Je suis complètement convaincu que l’extrême droite et l’extrême gauche se touchent », explique Raphaël Schellenberger. Pour le jeune député de 32 ans, « on le voit sur les thématiques qu’ils abordent et sur la façon dont ils les abordent. Ces deux partis (la Nupes-LFI et le RN), ont beaucoup plus de points communs qu’il n’y paraît. Sur leur caractère liberticide par exemple ».

Cinquante-neuf sièges à l’Assemblée nationale. C’est le score le plus bas de l’existence du parti Les Républicains. La droite se retrouve prise en tenaille par plus gros qu'elle. Pire, les postes d’importance échouent aux principaux partis d’opposition, la Nupes et le Rassemblement national. C’est le cas de la présidence de la commission des Finances. Le député LFI réélu Éric Coquerel l'a finalement obtenue à l’issue d’un vote en commission.

« Je suis effrayé par le personnage », entame Raphaël Schellenberger. « On a vu ce qu’il donnait pendant cinq ans. Il a déjà siégé à la commission des Finances, on a vu ses préoccupations. Elles n’étaient pas dans l’intérêt général des Français, elles n’étaient pas d’améliorer l’efficacité fiscale. Sa priorité était systématiquement de trouver des coupables et des victimes. Notre travail, ce n’est pas celui du juge. Notre travail c’est de défendre l’intérêt général et je crains qu’Éric Coquerel ne soit pas en mesure de l’incarner. Il a des pouvoirs colossaux à sa main. J’espère qu’il en fera un usage républicain ».

La Nupes, un parti « anti-républicain »

Si l’élu du Haut-Rhin reconnaît qu’il y a chez la Nupes « des gens tout à fait respectables », il affirme voir dans cette union un parti mené par un groupe « anti-républicain » : La France Insoumise. « Il y a des gens avec qui je n’ai pas d’accroches sur les idées ou les valeurs mais qui sont républicains dans l’absolu. Il y a en a aussi qui ne le sont pas. Le problème dans la Nupes, c’est que l’on voit que c’est La France Insoumise qui dirige. Ce sont eux qui mènent la Nupes ». Raphaël Schellenberger pointe du doigt la responsabilité de ces élus de la Nupes, dits républicains, « qui pourraient être respectables mais qui courent derrière des députés qui ont à leur tableau de chasse d’avoir été des dealers, des députés LFI qui se revendiquent anarchistes ou qui revendiquent de ‘foutre le souk à Beauvau’ si jamais ils devenaient majoritaires ».

« Dans ce parti, il y a des gens dangereux pour la France »

D’anciens dealers à l’Assemblée nationale. L’élu LR parle ici, à demi-mot, de Louis Boyard, jeune député LFI, élu à tout juste 21 ans. interviewé lors d’une émission chez Cyril Hanouna, il avait reconnu avoir été dealer pendant ses études. « Je crois qu’on peut pas revendiquer d’avoir à ce point dégradé, mis en danger la vie des Français avant de devenir député. C’est intolérable, inacceptable ».

Raphaël Schellenberger, visiblement remonté, veut rappeler que le trafic de drogue « est une réalité qui existe dans notre pays. Mais c’est une réalité contre laquelle nos pouvoirs publics doivent se mobiliser, contre laquelle les élus doivent travailler. Notre message ce n’est pas de soutenir tout ça ou de l’encourager bien au contraire ». C’est pour Raphaël Schellenberger la raison pour laquelle « dans ce parti, il y a des gens dangereux pour la France, dangereux pour le contrat social ».

Chez LR, « nous manquons d'une figure nationale »

Pour le parti emblématique de la droite, le député le reconnaît « c'est encore un échec aux élections nationales, on ne va pas se mentir ». Il rappelle toutefois que LR reste la première force politique en matière de collectivités locales, de communes, de départements et régions. « Nous avons toujours une forte action pour le quotidien des Français ! » Mais il n'empêche, « depuis 2012, confesse-t-il, nous manquons d'une incarnation, d'une figure nationale. C'est le chantier principal que nous devons mener ».

Valérie Pécresse, l'erreur de casting

Avec un score historiquement bas, en dessous des 5%, Valérie Pécresse n'a pas su incarner et rassembler la droite autour d'elle. Ce n’était « pas la bonne personne au bon moment » pour Raphaël Schellenberger. « La présidentielle, explique-t-il, c'est la rencontre d’un homme ou d'une femme avec un peuple. Ça n’a pas marché avec Valérie Pécresse ». Le député se montre pourtant confiant vis-à-vis de l'avenir du parti. « Je vous parie qu'on va trouver », dit-il. « On n'a pas réussi la présidentielle, on n'a pas réussi à incarner ce que nous représentons. Par contre, un certain nombre de nos valeurs et propositions ont triomphé. Désormais notre travail à droite c’est de les incarner, de trouver une personne qui pourra les porter aux Français ».

« On est un parti qui attire encore, maintient Raphaël Schellenberger. Pour lui, LR dispose d'une « jeune garde d’élus locaux qui ont pris des fonctions nationales aussi. On est un certain nombre qui sommes tout à fait disposés et présents et qui prenons nos responsabilités pour faire vivre cette grande famille politique qui a fait de grandes choses par le passé et qui a encore des idées particulièrement justes et pertinentes pour les défis que notre passé a à relever ».

Un problème de légitimité ches les anciens LR

De ces dernières élections, Raphaël Schellenberger tire un constat : « certaines des personnes qui cherchent à incarner le parti sur les chaînes TV nationales sont souvent des personnes qui ont été des grandes personnalités de notre parti mais qui depuis quelques années n’ont plus été élues sur un scrutin national sur leur nom ». Par là, le député de 32 ans vise la vieille garde du parti. Les visages que l'on voit plus sur les plateaux TV que sur les bancs de l'Assemblée. « Je ne vais pas donner des noms, on ne va pas faire cette chasse là, bredouille le jeune élu. Mais quand depuis quinze ans on n'a pas été candidat sur une élection législative, qu'on est resté planqué sur une liste, je pense qu’on n'a pas plus la légitimité pour parler au nom du parti ».

Plus de légitimité et pas les moyens de tirer les conclusions qui s'imposent. Raphaël Schellenberger en est persuadé, « quand notre parti finit à 4,5% à l’élection présidentielle, ce constat il faut qu’on le fasse. Il faut qu’on le fasse de façon sérieuse, peut-être sévère par moment et il faut qu’on en tire les conclusions ».

Des têtes doivent-elles tomber ? Les conclusions de Raphaël Schellenberger semblent aller dans ce sens. À 32 ans le député est entouré à l'Assemblée d'une dizaine de députés de sa tranche d'âge, prêts à reprendre le flambeau à une génération vieillissante. Raphaël Schellenberger se félicite d'ailleurs de la décision de Christian Jacob de se retirer de la présidence des Républicains. « Une décision qui l’honore » a-t-il souligné.

Regardez son interview en vidéo

Photo : DR


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