Marie-Christine Verdier-Jouclas (LREM) : Mélenchon Premier ministre, « c'est une idée complètement inconcevable »
Publié le 09.06.2022
INTERVIEW/VIDÉO - La députée sortante La République en Marche de la 2e circonscription du Tarn Marie-Christine Verdier-Jouclas a défendu son bilan dans Time Break, vendredi 3 juin. Candidate à sa réélection au sein du groupe Ensemble, elle alerte également sur les dangers et les « mensonges » de la part de la Nupes.
L’union inédite de la gauche pour les législatives semble inquiéter à droite et au centre. La Nupes s’impose clairement en tant qu’adversaire principal à la majorité dans les sondages pour les élections législatives. Marie-Christine Verdier-Jouclas, elle, reste impassible face à la perspective de voir Jean-Luc Mélenchon accéder à Matignon. « C’est une idée complètement inconcevable », lâche-t-elle. « Ce n’est pas une idée qui m’effraie parce que Monsieur Mélenchon oublie que nous sommes sous la Ve république et que c’est le président qui désigne le Premier ministre. Point à la ligne ». En cas de victoire de la Nupes, Emmanuel Macron n’aurait alors aucune obligation, selon Marie-Christine Verdier-Jouclas, à nommer le chef de l’opposition comme chef du Gouvernement. Toutefois la députée sortante maintient que la Nupes représente un danger de « désinformation ».
Très active sur Twitter, la députée sortante affirme qu’il faut « informer sur la désinformation qui est en train d’être faite » par La France Insoumise, et donc par la Nupes. “Quand Jean-Luc Mélenchon promet une retraite à 60 ans, en oubliant de dire qu’il faudra quand même les 43 annuités pour avoir la pension complète, bah vous prenez un jeune qui démarre à 25 ans, il pourra partir à 60 ans ! Mais il n’aura pas sa pension complète ». La députée maintient, « quand on promet la retraite à 60 ans en oubliant de dire qu’on pourra partir à 60 ans sans avoir la pension complète, on manipule. Je suis désolée ».
La députée de la majorité poursuit sur l’augmentation du SMIC. « Il n’explique pas comment il va le financer, il n’explique pas comment les patrons vont pouvoir gérer l’augmentation du SMIC à 1500€ et tous les salaires qui s’ensuivent ! Parce que qu’est-ce qu’on va faire des salariés qui aujourd’hui sont au dessus du SMIC et qui vont se retrouver en dessous parce qu’on aura augmenté le SMIC ? Donc tout ça il l’édulcore et il n’en parle pas ». Avec près d’un tweet sur deux centré sur la Nupes, Marie-Christine Verdier-Jouclas « relaie et détracte le programme de Mélenchon pour expliquer aux citoyennes et aux citoyens qu’ils sont en train de se faire berner ». Pour elle, il s’agit d’« un programme, un, qui n’est pas financé, et deux, qui n’est pas du tout cohérent et surtout pas faisable ».
« Pendant cinq ans, LFI a fait de la démagogie dans l’Hémicycle »
Marie-Christine Verdier-Jouclas revient également sur les cinq années passées à observer les députés de La France Insoumise. « Pendant cinq ans, LFI a fait de la démagogie dans l’Hémicycle. Pendant cinq ans ils nous ont expliqué que nous on ne comprenait rien, qu’on ne savait pas ce que c’était la vie. Bah il (Jean-Luc Mélenchon) n'a pas de pot, parce que moi j’ai bossé pendant trente ans, j’ai élevé trois enfants et j’ai fait pendant au moins quinze ans de l’associatif, alors si je ne sais pas ce que c’est la vie, je ne sais pas qui pourrait savoir ». Pour la députée Renaissance, LFI se servirait de la souffrance des Français sans pour autant apporter de véritables solutions. « Eux, ils savaient ce que c’était la vie ! Eux chaque fois, ils étaient en démagogie. C’est-à-dire qu’il allaient chercher la souffrance des gens, et ils en faisaient un argument pour expliquer que eux ils allaient pouvoir changer leur quotidien. On rêve tous de changer le quotidien de tous et surtout de ceux qui sont en souffrance. Sauf que ça se fait pas en mentant ».
Le programme de la Nupes : « c’est une sorte de mensonge »
Pour contrer l’inflation, Jean-Luc Mélenchon promet un blocage des prix sur les produits de première nécessité. Les aliments, les produits d’hygiène… Mais « ils n’expliquent pas comment ça va fonctionner. Comment on va le financer ? » demande Marie- Christine Verdier-Jouclas. « Comment on va financer ça ? Qui va payer ? Parce qu’il faudra bien que quelqu’un paye ! C’est l’agriculteur qui va être obligé de baisser ses prix ? Ce sont les grands distributeurs, qui devront baisser leur marge ? Qui va payer ? » . La députée s’agace. « Quand on propose un programme aux Français, rappelle-t-elle, il faut être clair et transparent et tout expliquer. Si on ne donne que ce qui fait envie et qu’on n'explique pas la suite, c’est une sorte de mensonge. Ça fait partie des propositions qui font rêver, sauf qu’on n'explique pas au final qui va payer ».
Avec Renaissance et Ensemble pour aller « au-delà des clivages politiques »
En pleine campagne pour les législatives, Marie-Christine Verdier-Jouclas affirme être « dans l’ouverture » avec Ensemble. Un groupe commun « au-delà des clivages politiques, des partis traditionnels de gauche et de droite », explique-t-elle. Le groupe accueille donc « tous ceux, en dehors des extrêmes, qui acceptent de travailler avec nous dans un objectif commun. L'objectif étant que le quotidien des Françaises et des Français change, de ne pas avoir peur des réformes profondes, puisqu'on sait qu'il y a encore beaucoup de choses à changer. Plus on est nombreux, mieux c’est ». Des éléments de langage qui ne sont pas sans rappeler le « en même temps » si cher à Emmanuel Macron. Une formule qui avait porté préjudice à lui et ses élus, pointant du doigt une absence de direction claire. Ensemble, mais pour aller où ? « On donne la direction d’un projet cohérent et solide, se défend la députée du Tarn. Par contre, quand je reprends le programme que j’avais en 2017 et que je regarde aujourd'hui avec le bilan législatif que j’ai sous les yeux, on a fait ce qu’on a dit qu’on ferait. On a changé des choses ».
Un premier quinquennat inachevé
Cinq années passées à l'hémicycle n'ont toutefois pas été suffisantes selon Marie-Christine Verdier-Jouclas. « Il ne vous aura pas échappé que nous avons eu une pandémie qui nous a obligé pendant pratiquement deux ans de faire essentiellement des projets de lois de finances et qu’on n'a pas pu faire certaines réformes ». Parmi ces réformes, on retrouve bien évidemment celle concernant les retraites, « que nous comptons bien faire si nous sommes élus », insiste la candidate à sa réélection. « Je sais bien qu’on dit qu’on ne gagne pas une élection avec un bilan, reconnait-elle. Mais quand on a bilan, on est quand même fier de l’avoir ! Il faut le démontrer et le montrer ».
Un nouveau mandat pour « changer de méthode »
Marie-Christine Verdier-Jouclas l'affirme, si elle est élue, les cinq prochaines années seront différentes. Différentes notamment par la manière de créer et de mener ses propositions de loi. « Quand on dit qu’on veut un mandat nouveau, c’est quoi ? C’est continuer sur les réformes sur lesquelles on a été interrompu, mais aussi changer de méthode ! C'est à dire en partant de la base, essentiellement de la base, avec des chantiers que nous voulons mener ». Par là, la députée sortante détaille la mise en place, en circonscription, de « tables rondes ». « Par exemple, sur le chantier-école, je vais mettre autour de la table les élus, les parents d’élèves, les enseignants et on va réfléchir ensemble sur ce qu’on veut pour notre école de demain. C'est ça, partir de la base ».
Cette « nouvelle méthode » avait déjà été vue au cours du précédent mandat, notamment avec la Convention Citoyenne sur le Climat (CCC). Formée en octobre 2019 à l'initiative du Premier ministre Édouard Philippe, elle était constituée de 150 citoyens tirés au sort. Ces derniers devaient élaborer un projet de loi pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. De nombreux politiques s'étaient insurgés sur le peu de propositions conservées par les députés. L'opposition dénonçait alors un exécutif faussement à l'écoute de ses citoyens. « Mais c’est pas vrai ! Je ne comprends pas comment on peut dire un truc pareil ! On a tout retenu sauf deux propositions, s'insurge Marie-Christine Verdier-Jouclas. Ce sont les médias qui disent qu'on n'a rien retenu ! C'est l'opposition qui dit qu'on n'a rien retenu. Une fois qu’on a retenu les propositions, on en a fait un projet de loi et ensuite, dans ce projet de loi, nous avons fait notre travail de député en acceptant, en modifiant, en refusant parfois certaines propositions. Aujourd'hui, quand on regarde le projet de loi climat et résilience, excusez moi ! On a mis trois semaines pour légiférer sur ce projet de loi rien qu’à l’Assemblée tellement il était dense et tellement il y avait d’articles ». Sur les 149 propositions de la CCC, seules quinze ont finalement été retenue par les députés, soit à peine 10%.
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Photo : DR