Éric Alauzet à propos de la loi climat : « on est encore très loin du compte »
Publié le 06.05.2021
INTERVIEW - Le député de la deuxième circonscription du Doubs, Éric Alauzet, était notre invité, mardi 4 mai. L'élu La République en Marche s'est dit satisfait de la Loi Climat. Il reste cependant lucide sur le chemin à parcourir dans le domaine de l'écologie. Un chemin qui selon lui demandera un effort collectif sur le plan international.
La loi Climat a été votée solennellement par l'Assemblée nationale mardi 4 mai. Pour Eric Alauzet, elle « vient couronner quatre ou cinq lois précédentes, notamment celle sur les mobilités et celle sur l’urbanisme et la construction ». Le député La République en Marche, qui se décrit comme écologiste, reste cependant conscient que la France est « encore très loin du compte » sur le sujet de l’écologie, rappelant que « la loi climat n’est pas tout » et qu’il ne faut pas en faire « l’alpha et l’oméga ». Mais, pour lui, le pays est sur la bonne voie depuis plusieurs années et les Français ont aujourd’hui une réelle conscience écologique.
Mesure phare de la loi climat, l’interdiction des vols intérieurs sur un trajet de deux heures et trente minutes ou moins est très critiquée. Elle ne concerne au final que très peu de vols à l’intérieur du pays : 40 sur 450 trajets quotidiens. Une mesure qui reste une avancée pour Eric Alauzet qui rappelle que la France est le seul pays dans le monde à l'avoir mise en place. Le député LREM en profite d'ailleurs pour appeler d'autres pays à suivre le pas : « Essayons d’emmener les pays sur cette voie-là ».
A tous les détracteurs de la loi climat, qui la jugent trop superficielle, Eric Alauzet a aussi une réponse simple : « même le meilleure des écologistes président de la République sera très limité par le fait que les sujets se traitent sur le plan international ». La France « ne peut pas avancer toute seule » assure le député qui a passé une grande partie de sa carrière à Europe Ecologie les Verts. Un effort conjoint, avec l’Union européenne notamment, est nécessaire pour améliorer l’environnement.
« Si l’Angleterre a vacciné autant, c’est parce qu’elle a pris des doses aux autres pays »
Extrêmement critiquée pour sa lenteur, la campagne vaccinale française est souvent comparée à celle de l’Angleterre, plus rapide. Une comparaison que ne cautionne pas le député de la deuxième circonscription du Doubs : « Citer l’Angleterre en exemple, c’est citer l’individualisme ». Eric Alauzet va même plus loin. Pour lui, « l’Angleterre, c’est tout pour ma pomme ! C’est scandaleux ! ». L'avance de la campagne de vaccination anglaise s'explique par le fait que l'Angleterre avait « reçu des doses de l’Europe et n’en a renvoyé aucune ». Ce n’est donc pas parce que le Royaume-Uni est sorti de l’Union européenne qu’il est en avance dans sa campagne. Mais c’est sûrement en partie à cause de lui que la France a manqué des doses de vaccins. Pour le député, cette campagne sera réussie si tous les pays coopèrent ensemble et vont dans la même direction. Une entente déjà existante entre certains pays dont Eric Alauzet se félicite : « C’est tout à l’honneur de la France et de l’Union européenne de partager les doses et d’en envoyer dans les pays pauvres ».
« Au second tour, on ne choisit pas, on élimine »
À un an de l’élection présidentielle, le président de la République Emmanuel Macron n’apparaît pas comme un favori à sa propre succession. De nombreux sondages le placent derrière Marine Le Pen. Pourtant, pour Eric Alauzet « Emmanuel Macron est en moins mauvaise posture que la plupart des autres candidats, hormis Marine Le Pen ». Il s’affiche donc confiant pour 2022. Selon lui, si un second tour Macron - Le Pen a lieu, les Français seront derrière l’actuel président. « Au second tour, on ne choisit pas, on élimine » assure-t-il.
Le parti du président de la République, La République en Marche, est lui au centre de la polémique, à quasiment un mois des élections régionales. Le parti s’est retiré dans la région PACA, au profit de Renaud Muselier, président Les Républicains sortant de la région. Un retrait qui pose question sur la capacité de la République en Marche à être performant lors des différentes élections. Eric Alauzet se montre lucide sur la situation : « LREM n’est pas en situation de faire un très bon score, ce qui est normal pour un nouveau parti ». Il partage pourtant une certaine inquiétude, parlant d’un « péril en la demeure ». Selon lui, « on ne doit pas conduire une politique uniquement pour faire barrage à un parti politique ». C’est pourtant ce qu’a fait son parti. Une décision qu’il comprend, car « il y a une réalité qui s’impose à vous ». Cette réalité, c’est que faire barrage au Rassemblement national, quitte à faire gagner un autre parti, est aujourd’hui une priorité pour la République en Marche.
Photo : Antoine Lamielle / LDD / 2017