INTERVIEW - Aurélien Taché a définitivement signé le divorce avec La République En Marche depuis son départ en mai 2020. Le député du Val d’Oise était notre invité mardi 30 mars, et a exprimé ses désaccords avec la politique gouvernementale et l’attitude de la majorité présidentielle. Que ce soit sur la loi Climat et Résilience qu’il juge « loin du compte », ou sur la polémique autour des réunion non-mixtes du syndicat étudiant de l’UNEF, l’ancien Marcheur veut montrer qu’il s’inscrit dans l'opposition.
Un débat parallèle à celui de l’Assemblée nationale pour discuter d’écologie. C’est ce que tente de faire Aurélien Taché en investissant Twitch avec des alliés politiques. L’idée est venue de la déception de la loi Climat et Résilience proposée par le gouvernement. Le député du Val d'Oise souhaite une « vraie loi climat » qui « aurait été de reprendre les propositions des 150 citoyens de la convention citoyenne telles quelles, sans filtre. Sans forcément les adopter à 100 %, sinon il n’y a plus besoin d’Assemblée nationale. ». D’où le nom de son agora virtuelle « Débat #SansFiltre ». L'élu regrette qu’Emmanuel Macron ait modifié des propositions avant leur arrivée à l’Assemblée nationale. Selon lui, « La Convention citoyenne aurait dû pouvoir remettre telle quelle sa copie à l’Assemblée nationale. Ensuite les députés discutent, mais là, ça n’a pas été fait ». Parmi ce qui a été gardé, l’ancien cadre du Parti socialiste n’est pas satisfait non plus. Sur la précarité énergétique dans le logement, il ironise « La loi prévoit une interdiction d’augmenter les loyers pour un certain nombre de logements qui seraient un peu énergivores à partir de 2028. Quel engagement ! ». Il considère même que « sur un certain nombre d’aspects, cette loi revient en arrière par rapport à ce qui avait été voté dans des lois précédentes ».
Aurélien Taché dresse un constat d’échec pour ce projet de loi. Il découle pourtant d’un exercice démocratique nouveau et inédit. Mais pour le co-président des Nouveaux Démocrates, « par rapport à ce qu’avait été l’ambition de la Convention citoyenne, on est quand même extrêmement loin du compte. (…) Les gens se disent, sur le plan démocratique, on se moque de nous ! ». L’élu Val-d’Oisien considère également une faillite sur ce plan à cause du nombre d’amendements proposés par l’opposition et jugés irrecevables. Ils constitueraient 25% du total et aucun recours n'est possible. Aurélien Taché déplore une utilisation outrancière de cet outil législatif « maintenant utilisé à des fins politiques ». Pour ce dernier, « à un moment où la démocratie est déjà mise à mal par cette crise sanitaire, on voit que le pouvoir en place essaie encore d’aller plus loin en utilisant des outils comme ceux-là pour museler les parlementaires. ». Pourtant, l’élu se tempère lorsque vient la question du vote du projet dans l’hémicycle : « Je ne me vois pas voter contre un projet qui, même s'il n’apporte que des avancées minimes, va dans le bon sens ».
Lundi matin, au micro de France Inter, Yannick Jadot, chef de file des écologistes, a lancé un appel aux représentants de gauche pour discuter autour d’une table d’un projet commun pour l’élection présidentielle de 2022. Aurélien Taché, en tant que co-président du mouvement des « Nouveaux Démocrates », a répondu favorablement à cet appel. Le député est-il assez à gauche pour ses alliés les plus à l’extrême de l’échiquier politique ? La question se pose pour celui qui a quitté La République En Marche il y a moins d’un an. Mais le trentenaire se défend et considère que « ceux qui prétendent détenir les brevets pourraient souvent se remettre un petit peu en question ». Une façon de légitimer sa sensibilité politique. Pourtant, Aurélien Taché ne semble pas enclin à s’allier avec des partis trop à gauche de l’échiquier politique, laissant sur la touche le Nouveau Parti Anticapitaliste de Philippe Poutou ou Lutte Ouvrière de Nathalie Arthaud. Aurélien Taché considère qu’ « À partir du moment où les gens veulent vraiment gouverner, changer les choses et sont sincèrement démocrates, il n’y a pas de problème. À partir du moment où le fait de se présenter à une élection est plus une vitrine pour dire qu’il faut prendre les armes et faire la révolution, je pense qu’on ne va pas être d’accord très rapidement ». L'objectif pour le parlementaire est de former un gouvernement, projet qui, de toutes façons, n’intéresserait pas ces derniers selon lui.
Pour faire avancer rapidement les débats, Yannick Jadot a proposé dans la foulée de son appel à l’unité, que les gauches se mettent d’accord autour de dix propositions communes. Pour Aurélien Taché, il faut en priorité rompre avec le présidentialisme car s'il considère que ce système convenait très bien à la figure de Charles de Gaulle, aujourd’hui ce régime n’a plus aucun sens au regard de ce qu’est devenue la politique selon lui. Il milite également pour la mise en place de la proportionnelle intégrale, d’une troisième chambre citoyenne et pour le retrait du pouvoir de dissolution de l’Assemblée au Président. Toutes ces mesures dans une seule optique pour l’ancien macroniste : permettre aux citoyens et aux élus de retrouver plus de pouvoir. On pourrait alors penser qu'Aurélien Taché est favorable à un passage à la VIe République, prôné par le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, mais pas du tout. « La république de Mélenchon, je m’en méfie un petit peu parce qu’à mon sens elle risque de ressembler à un comité de salut public permanent ». Si le député tempère sa relation avec son collègue insoumis, un désaccord majeur les sépare et réside dans le « rapport à la démocratie » entretenu par l’ancien candidat à l’élection présidentielle.
Pour faire le choix du meilleur candidat pour tous les représenter dans un peu plus d’un an, Aurélien Taché souhaite une grande primaire, plus élargie que celle proposée par le groupe écologiste. Pourtant, même s'il confie trouver la candidature d’Anne Hidalgo et de Yannick Jadot intéressantes, il n’a pas encore arrêté de choix.
Ces derniers jours, une polémique a éclaté autour de réunions non-mixtes organisées par le syndicat étudiant de gauche de l’UNEF. Des rassemblements où seules des personnes non-blanches sont autorisées et qui permettraient de libérer la parole de victimes de racisme. Audrey Pulvar, candidate soutenue par le Parti socialiste à l’élection régionale d’Ile de France, a déclaré que si une personne blanche ne devait pas être exclue d’une de ces réunions, on « peut lui demander de se taire ». Pour Aurélien Taché, qui a lui-même été président de l’UNEF à Limoges dans sa jeunesse, « ce qui importe, c’est que la parole soit la plus libre possible. Si à un moment, des gens qui sont victimes d’un quelconque phénomène, violences sexistes ou racistes, disent que se retrouver entre victimes permet de libérer la parole, commençons par là ! ». Le député non-inscrit rejoint donc l’avis de Yannick Jadot, puisque comme l’écologiste, il considère qu'en revanche "la décision politique, le combat politique doit être ouvert à tous ». « Il y a deux choses différentes entre des témoignages de victimes et la prise de décision collective qui doit mener à l’action. ». Mais alors comment expliquer l’apparition de cette polémique et les avis très différents sur le sujet au sein d’une gauche pour qui l’union sera décidément un projet complexe ? Selon l’élu du Val d’Oise, « Ce sujet n’a jamais été traité et pris au sérieux par les différentes forces progressistes dans ce pays. Les socialistes, parce qu’ils n’ont pas su s’intéresser de près à la question des discriminations, ont finalement laissé des tas de jeunes dériver. ». À gauche, les représentants socialistes ont effectivement été les plus réticents à entendre ce concept. Anne Hidalgo, Olivier Faure ou Manuel Valls ont plus ou moins fermement rejeté le principe même de ces réunions ces derniers jours. Mais pour Aurélien Taché, « on est mal venu pour donner des leçons à des jeunes dans un syndicat étudiant quand on ne les a pas écoutés et qu’on ne les a pas accompagnés sur cette question depuis des années. ». Au-delà des guerres intestines et fratricides, le député est surtout déçu par la position du gouvernement et de sa majorité. « La République En Marche avait un ton différent au départ, Emmanuel Macron avait un ton très différent sur ces questions. Finalement, pour des raisons tactiques et opportunistes, il décide de se droitiser terriblement sur ces questions à travers notamment l’expression de Marlène Schiappa ou de Jean-Michel Blanquer. ». Une attaque forte à destination de deux des ministres les plus présents pour défendre le président de la République. Aurélien Taché persiste et signe son avis tranché sur le ministre de l’Éducation nationale en déclarant : « Ils n’ont rien à envier aux plus réactionnaires à droite sur ces questions et Jean-Michel Blanquer qui parle de fascisme, pour le petit-fils de résistant que je suis, qualifier comme ça des jeunes antiracistes qui essaient de trouver des solutions, à leur manière, à la question des discriminations est particulièrement choquant. Ce ministre est vraiment, lui pour le coup assez proche des idées de l’extrême droite. »
Photo : Manon Blangis / MRG
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