Sandrine Rousseau: « Il faut un revenu d’existence pour les jeunes au moins équivalent au RSA »


Rédigé par Bastien COCHET

Publié le 14.02.2021


INTERVIEW - Sandrine Rousseau, ancienne porte-parole d’Europe Écologie Les Verts et candidate à la primaire du parti en vue de l’élection présidentielle était notre invitée mardi 9 février. Au delà de sa réaction vis à vis de la démission du directeur de Sciences Po Paris, alors qu’elle a enseigné et candidaté pour présider Sciences Po Lille, Sandrine Rousseau s’est aussi exprimée sur la détresse étudiante et son projet pour la France si elle parvenait à devenir Présidente de la République.

« Les étudiants ont été les personnes les plus enfermées de la population française. Quel est l’avenir qu’on construit pour cette jeunesse qui a passé un an entre quatre murs ? ». C’est le constat que fait l’écologiste sur cette génération qu’elle considère sacrifiée et en souffrance, arguant que même pendant les guerres, il n’avait pas été interdit aux étudiants de se rendre dans leurs universités. Pourtant aujourd’hui, les étudiants peuvent revenir étudier en présentiel une fois par semaine. Mais Sandrine Rousseau considère cette mesure insuffisante et demande que 50% des cours soient assurés de cette manière et pointe du doigt un autre problème : « ça fait un an qu’ils ne sont pas venus, ils ne connaissent presque personne dans leurs promotions. C’est déjà mieux que rien mais de nombreux étudiants ont lâché leurs appartements étudiants pour rentrer dans le Sud de la France ou à l’étranger. Comment voulez-vous qu’ils reviennent et qu’ils fassent 1000km pour une journée par semaine ? Ça n’a aucun sens ! (…) Cela les met plus en difficulté qu’autre chose ». Pour appuyer son argument, elle prend l’exemple de sa propre expérience en tant que professeure et vice-présidente de l’Université de Lille : « on a de très grands amphis dans les universités, on peut accueillir des personnes. On a des amphis qui font jusqu’à 1000 places, on peut y mettre 200 personnes sans être dans des jauges dangereuses pour la santé. »

« Il faut un revenu d’existence pour les jeunes d’au moins du niveau du RSA »

Au-delà des difficultés psychologiques, de nombreux étudiants doivent faire face à une précarité de plus en plus grande. Pour y pallier, le gouvernement a débloqué par exemple une aide de 150€ en décembre ou encore des repas à 1€. C’est encore une fois largement insuffisant pour l’écologiste qui questionne : « à quel moment on considère que les étudiants sont humains ? ». Elle considère qu’avec l’absence de jobs étudiants, les parents d’élèves qui ont perdu pour certains des sources de revenus, et l’investissement dans du matériel pour suivre les cours à distance, le tout sans aide, est un effort considérable demandé à la jeunesse. Dans ce sens, elle adresse un message de soutien à ses étudiants lillois : « Merci de tenir, parce que cest si difficile de tenir dans cette période que je vous admire énormément de tenir et vraiment, on est à vos côtés, merci et on espère pouvoir de tout coeur vous revoir. ». Côté finances, lorsque Sandrine Rousseau est questionnée sur le besoin de fournir aux étudiants un RSA, sa réponse est sans détour, « Mais bien sûr! Il faut un revenu d’existence pour les jeunes d’au moins du niveau du RSA. Dans la campagne présidentielle je voudrais qu’on monte à 850€ ».

« Cette espèce de Ve République avec des hommes providentiels, qui sont des espèces de machines politiques, des robots sans âmes et bien je crois qu’on est arrivés au bout de cela »

Justement, pour l’élection présidentielle de 2022, Sandrine Rousseau se prépare à passer l’étape de la primaire d’Europe Écologie Les Verts. Elle doit avoir lieu avant la fin du mois de septembre et la met en concurrence avec deux poids lourds de l’écologie: Yannick Jadot, tête de liste écologiste aux dernières élections européennes et Éric Piolle, maire de Grenoble réélu en juin dernier. Pourtant, l’ancienne porte-parole d’EELV ne pense pas être invisible sur la scène politique, « Je crois tout l’inverse. D’ailleurs les signaux qui me sont envoyés depuis le début de ma campagne (…) sont exactement l’inverse de ça. Au contraire, il y a quelque chose qui est attendu, qui est presque joyeux dans le fait que j’y aille et que je présente un visage qui est inattendu en politique ». Sandrine Rousseau considère même avoir un avantage sur ses deux rivaux, elle représenterait mieux le fait que « les écologistes ont cette capacité à être à l’avant-garde, dans une forme d’impertinence vis-à-vis du pouvoir ». La maître de conférences estime également être l’alternative à un duel au second tour entre Emmanuel Macron et Marine le Pen car selon elle, le monde politique est en train de changer : « cette espèce de Ve République avec des hommes providentiels, qui sont des espèces de machines politiques, des robots sans âmes et bien je crois qu’on est arrivés au bout de cela ». 

« Je ne suis pas qu’une femme, je suis aussi économiste, vice-présidente d’une université, chercheuse en Économie »

En effet, la chercheuse considère que la politique doit retrouver de l’humanité et de la sensibilité, ce pour quoi elle serait idéalement placée : « je peux dire que mon parcours et particulièrement mon parcours de femme et particulièrement les violences que j’ai subi en tant que femme me permettent de revendiquer ça. ». Sandrine Rousseau fait ici allusion à l’affaire Baupin, où elle avait porté plainte avec 3 autres femmes contre le député Denis Baupin pour harcèlement et agression sexuelle. L’affaire est classée sans suite pour prescription mais des faits étaient « susceptibles d'être qualifiés pénalement » selon la justice. Cette affaire avait marqué une pause dans la carrière politique de la professeure d’université : « Ce sont des moments qui peuvent parler à beaucoup de personnes en France, ces moments de doute, ces moments d’arrêts, beaucoup le vivent ». Même si l’affaire avait fait grand bruit et a élevé Sandrine Rousseau au rang de symbole féministe, elle rappelle : « Je ne suis pas qu’une femme, je suis aussi économiste, vice-présidente d’une université, chercheuse en économie ». Elle relève pourtant que, représentant 52% de la population, il n’y a pas une seule femme qui soit arrivée à la présidence de la République et considère que c’est le reflet de la façon dont la politique est faite en France. Pour ce qui est de sa politique justement, elle veut la faire avec jusqu’à 30 milliards chaque année pour l’écologie et veut imposer à l’économie d’être compatible avec une reproduction de la planète. C’est-à-dire ne pas consommer plus de ressources que la planète peut produire en un an. Aux sceptiques, elle déclare : «  tout cela nécessite des réformes d’ampleur, d’où la radicalité que je revendique ».

Photo : Manon Blangis / MRG


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