Balance ton porc : un mouvement « salutaire » selon Sandrine Rousseau
Publié le 31.10.2017
INTERVIEW - Mardi, nous recevions Sandrine Rousseau et Julien Vacheret. Respectivement fondateurs des associations PARLER et Au non des femmes, ils ont réagi à la récente déferlante suscitée par le hashtag « Balance ton porc » et ont présenté leurs structures.
L 'association PARLER est destinée à devenir un groupe de parole. D'ici janvier, la structure créée par Sandrine Rousseau compte mettre à disposition ces groupes dans au moins trois grandes villes – pour, plus tard, couvrir le plus de villes possible. « On a été victimes de violences sexuelles, du coup, on sait aussi de quoi on parle » explique Sandrine Rousseau sans pour autant prétendre devenir des substituts aux psychologues. Au sein de l'association, on souhaite notamment accompagner les femmes victimes de violences conjugales ou de harcèlement au commissariat. On souhaite apporter une présence lors des dépôts de plainte, pour, par exemple, rappeler des détails oubliés. Face à ce type de situation délicate, la plupart des victimes souffre d'une perte de lucidité qui les empêcheraient de s'exprimer pleinement. Mais l'association propose aussi une aide par mail moins direct ; et peut-être moins intimidante. Une mise en relation entre les victimes est alors proposée à celles qui souhaitent y participer.
Il faut ensuite passer au-delà de l'effet de mode. Des rendez-vous sont donc organisés une fois par mois, entre femmes. Le principe est de leur permettre de parler, de rire, voire de pleurer. Car selon Sandrine Rousseau, l'effervescence du hashtag sur twitter a permis une véritable avancée. Cela a permis à beaucoup de femmes de dire ce qu'elles n'osaient pas dire publiquement. Et plus encore : « il y a eu des femmes qui ont pris conscience qu'elles aussi avaient été victimes ». Électrochoc aussi chez les hommes. Beaucoup ont compris l'ampleur de ce phénomène. Pour Sandrine Rousseau, ce mouvement effervescent sur twitter est « salutaire ».
Julien Vacheret : « le hastag a ses limites mais aussi ses mérites »
Même chose pour Julien Vacheret, co-fondateur de l'association Au non des femmes (officiellement ouverte depuis lundi) qui espère aussi aller plus loin que le simple effet de mode. Il pose la question de l'avenir de ce phénomène : « que reste-t-il de ces témoignages ? ». C'est pour cela que, pour lui, « le hashtag a ses limites, mais aussi ses mérites ». Avec son association, Julien Vacheret compte proposer une aide concrète aux victimes. D'abord, recueillir leur parole, les accompagner dans leurs parcours judiciaires et de santé, pour lesquels ils proposent une couverture totale des frais nécessaires. Quant au domaine professionnel, ils mettent en place une mise à l'abri sans perte de salaire pour des employées sous la menace d'un licenciement. De quoi se diriger ensuite vers une transformation de la société vis-à-vis des violences faites aux femmes. Pour cela, il veut créer un observatoire. « Il n'existe pas, en France, de haute autorité qui réfléchit aux violences faites aux femmes ». Il souhaite donc, par ce processus, se voir capable d'émettre des propositions comme d'évaluer des situations avec des rapports annuels. Au moins sur un plan pénal.
Lui et son association ont d'ailleurs tenté de contacter Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes. Et même si la demande est infructueuse pour le moment, Julien Vacheret a bon espoir pour un contact futur. Quant au projet de loi de Marlène Schiappa sur les violences sexuelles annoncé pour 2018, Julien Vacheret souhaite aller plus loin encore. Il explique que le dispositif légal existe déjà, notamment par les articles 222 et 231 du code pénal. Malgré cela, sur les 250 000 viols ou tentatives de viols par an, il n'y a toujours aucune condamnation à la clé. Le dispositif légal existe, mais il n'est pas mis en application.
Photo Manon Blangis / MRG