Rachid Temal : "le premier travail à faire au PS, c'est de proposer une nouvelle offre politique"
Publié le 09.12.2019
INTERVIEW - Le sénateur socialiste du Val d'Oise, Rachid Temal, était notre invité, mardi 3 décembre. Il s'est exprimé sur l'état actuel de son parti et sur ses idées pour que le Parti socialiste (PS) puisse redevenir une puissance politique de premier plan.
Après avoir perdu l'élection présidentielle de 2017, le Parti socialiste ne s'est jamais vraiment relevé. Les élections européennes de 2019 ont fini d'enfoncer le clou, le parti plafonnant à 6% des voix. Le sénateur socialiste Rachid Temal estime aujourd'hui qu'une page s'est tournée pour le PS. "Le Parti socialiste, si l'on prend son histoire, il date de 1905. Depuis il y a toujours eu des séquences, des cycles. Et je crois qu'on est à la fin d'un cycle." Au sujet des 6%, Rachid Temal a une explication : "à un moment, les Français ont considéré que ce que nous sommes, ce que nous proposions, ne répondait pas à leurs aspirations, à leur vécu. Je crois que c'est, aujourd'hui, un problème de projet politique (...) Il y a un certain nombre de défi devant nous. La crise sociale qui est toujours là ainsi que la crise énergétique. Je crois qu'il faut aujourd'hui que les socialistes aient de nouvelles réponses".
"Il faut une politique des salaires"
Le PS doit devrait donc apporter de nouvelles solutions. Rachid Temal en a une en tête. Il dénonce un tabou autour de la question des revenus. "Le salaire, c'est le mot tabou dans la société et dans la politique française. Je suis pour une augmentation des salaires. C'est une question de fond, et je pense qu'il faut une véritable politique des salaires." Mais augmenter les revenus ne fait pas tout. Le sénateur pointe également du doigt des inégalités dans la société française. "Je crois que le déterminisme social est encore très grand dans notre pays. On l'a vu avec la récente étude PISA. Je suis pour, par exemple, aller traiter les inégalités à la base, donc dès le plus jeune âge". L'étude PISA, qui mesure les acquis des élèves au niveau international, a placé la France 23e et a révélé des inégalités entre les élèves le 3 décembre.
"Je suis favorable au Capital d'émancipation."
Pour traiter ces inégalités, Rachid Temal propose la mise en place de projets concrets. "Les idées du Parti socialiste c'est la justice, l'égalité, la fraternité, et c'est l'émancipation. (...) Je suis favorable au Capital d'émancipation. Ça veut dire que l'Etat a une bienveillance envers chaque enfant qui naît sur le sol de la République. Et ainsi, à 18 ans, qu'il puisse avoir ce capital qui permettrait trois choses notamment : première chose, de choisir une école payante. Parce que ça existe, mais il faut pouvoir se les payer. Et bien cela permettrait de pouvoir poursuivre ses études supérieures, en université ou en école. Deux, d'avoir de quoi prendre un logement. Je rappelle qu'aujourd'hui c'est 70% du budget d'étudiant. Et trois, par exemple de monter une entreprise. On peut proposer des actions concrètes comme cela". Reste à savoir comment mettre en place un tel capital.
"Il faudra un nouveau congrès du PS pour fixer une nouvelle ligne idéologique"
Pour remettre le PS à la page, Rachid Temal estime qu'il faut revoir les idées en profondeur avant de s'attarder sur les visages qui les porteront. "Une fois que l'on propose des choses concrètes il faut dire comment on le fait. Olivier Faure dit des choses mais, force est de constater, que ça n'imprime pas dans la société française. Le premier travail à faire au parti socialiste, c'est de proposer une nouvelle offre politique. Ça passe par un travail intellectuel et par un travail idéologique. Je pense que, là, après les municipales, il faudra un nouveau congrès du Parti socialiste pour fixer une ligne idéologique. Parce que s'il n'y a pas de nouvelle offre politique de la part des socialistes, il n'y a pas d'avenir possible. Et après viendra la question de la nouvelle organisation, des hommes et des femmes qui porteront tout cela".
Photo : Manon Blangis / MRG