Skip to main content

Crise migratoire entre la Pologne et la Biélorussie : l'Europe doit "continuer de mettre la pression" pour Andreï Vaïtovich


Publié le 13.12.2021


INTERVIEW - La crise migratoire entre la Biélorussie et l'Union Européenne continue de sévir. Des milliers de migrants tentent toujours de passer la frontière pour entrer dans l'UE. Les opposants au régime d'Alexandre Loukachenko, réélu président de la Biélorussie en août 2020 après des élections que beaucoup estiment frauduleuses, dénoncent une manoeuvre politique pour se venger des sanctions de l'Union Européenne contre son gouvernement. Le vendredi 3 décembre, Andreï Vaïtovich, journaliste franco-bélarusse invité de Time Break, estimait notamment qu'il faut encore alourdir les sanctions contre le régime du président biélorusse.

C'est une importante crise migratoire qui se déroule depuis plusieurs mois à l'entrée de l'Union Européenne. Entre la Pologne et la Biélorussie, des milliers de migrants tentent chaque jour de passer la frontière dans le but d'atteindre les terres des vingt-sept depuis l'Etat gouverné par Alexandre Loukachenko. "Depuis l'été dernier, Loukachenko menace l'Europe. Il autorise les migrants à venir avec tout un système mis en place par les autorités" assure Andreï Vaïtovich. Le journaliste franco-bélarusse explique : les autorités ont accepté "d'accueillir les migrants puis de les amener à la frontière avec la Pologne et la Lituanie (avant de) les pousser vers l'Europe en traversant bien-sûr illégalement".

Mais comment expliquer un tel comportement qui a d'ailleurs fait l'objet de sanctions de la part de l'Union Européenne le 15 novembre dernier ? Justement, ce sont dans d'autres sanctions contre le gouvernement de Loukachenko que ces mouvements migratoires prendraient leur origine. Au mois d'août 2020, Alexandre Loukachenko est une nouvelle fois élu président de la Biélorussie. Un mandat qu'il détient maintenant depuis... 1994. Mais cette élection n'est pas au goût du peuple, qui conteste sans ambiguité les résultats (80,10% des voix pour Loukachenko, NDLR). Pour Andreï Vaïtovich, c'est très clair : "il a volé cette élection. Aujourd'hui, il y a presque mille prisonniers politiques et plusieurs dizaines de bélarusses qui ont dû choisir la voie de l'exil". En conséquence : après les résultats de l'élection, nombreux sont les manifestants qui descendent dans la rue. Des manifestations très violemment réprimées, raison pour laquelle Alexandre Loukachenko et son gouvernement font l'objet de sanctions de la part de l'Union Européenne. "C'est vrai que pour Loukachenko, c'est une vengeance. Loukachenko se venge contre les pays voisins parce que ce sont les pays qui sont en première ligne" assure le journaliste franco-bélarusse. Il estime que le président de la République de Biélorussie n'a justement pas digéré les sanctions imposées par les vingt-sept. "C'est aussi une vengence contre l'Europe et contre ses valeurs, c'est-à-dire les valeurs de l'accueil, les valeurs démocratiques, la liberté de la presse" ajoute Vaïtovich.

Svetlana Tikhanosvkaïa "fait son travail mais elle est très limitée dans l'action"

Maintenant, que faut-il faire ? Comment l'Union Européenne doit-elle réagir ? "Il n'y a pas de question, aujourd'hui, d'accueillir tous ces migrants" pour Andreï Vaïtovich qui reprend la position de l'UE. "L'Europe s'est prononcée de manière très claire. Elle considère comme une attaque hybride. Il n'y a pas de question sur l'accueil de ces migrants tant que les règles sont respectées, c'est-à-dire que les pays voisins comme la Lituanie ont proposé de faire les demandes d'asile dans les ambassades mais, malheureusement, tous ces gens là sont utilisés comme une arme par le régime". Pour le journaliste, "ce que l'Europe peut faire, c'est de continuer de mettre la pression sur le régime de Loukachenko, c'est-à-dire l'isoler plus que possible par le biais de sanctions plus lourdes".

Parmi les voix qui s'élèvent contre Alexandre Loukachenko, il y a celle de Svetlana Tikhanovskaïa. Candidate à l'élection présidentielle en Biélorussie en 2020, elle a été contrainte de fuir en Lituanie au lendemain de sa défaite (10,12% des voix). "Depuis un an, elle fait un travail remarquable, c'est-à-dire un travail diplomatique" assure Andreï Vaïtovich. "Le nombre de chefs d'Etat qu'elle a rencontrés en un an, c'est incroyable. Elle a été reçue par Joe Biden à Washington. Donc elle fait son travail mais elle est très limitée dans l'action" explique-t-il. Le journaliste assure qu'aujourd'hui, tout ce qu'elle peut faire, "c'est essayer de garder le sujet bélarusse sur la table des médias, des politiques".

De son côté, la Biélorussie continue de répondre aux sanctions de l'Union Européenne. Le régime d'Alexandre Loukachenko a décidé d'interdire l'importation de produits alimentaires venant de pays de l'UE. Le Canada, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont également concernés par cette mesure prise le 7 décembre dernier. Ce dimanche 12 décembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé le renfort de son aide financière à la société civile de Biélorussie de 30 millions d'euros.

 

Crédit photo : DR


Articles récents