INTERVIEW/VIDÉO - Footballeur puis braqueur, Bruce Dombolo peut aujourd’hui se targuer d’être acteur de cinéma. À l’affiche de « Sage-Homme », aux côtés de Karine Viard. Un parcours atypique, des quartiers de Marseille à la prison en passant par les stades italiens.
Footballeur ou grand délinquant. « C’était les deux seules options », explique-t-il. Né en 1985 à Marseille, Bruce Dombolo grandit en vouant une admiration pour ceux qu’il appelle « les grands du quartier », des jeunes hommes, souvent fraîchement sortis de prison, et au casier judiciaire déjà bien remplis. « J’étais très impressionné par cette aura que dégageaient les grands de ma cité. Donc c’était soit m’épanouir dans le football professionnel et devenir riche, soit devenir un grand délinquant et me faire respecter. C’était un symbole de réussite, pour moi ». Après une brève carrière dans le football professionnel, durant laquelle ses formateurs l’avertissent à plusieurs reprises sur son manque de sérieux, Bruce Dombolo retourne à Marseille. Il se tourne alors pleinement vers son autre ambition et tombe dans la délinquance.
« J’ai commencé directement par des braquages », raconte l’acteur. « Quand je commettais ces actes de délinquance, je me sentais un peu comme une victime de la société. Ces gens que j’avais en face de moi, chez qui on allait dérober des bijoux, pour moi il n'existaient même pas. C’était moi, moi et que moi. Il fallait que je braque cette bijouterie, il fallait que je prenne de l’or et que je fasse de l’argent, parce que je n’avais pas pu en faire dans le foot. Dans ma tête, c’était moi la victime ». À 21 ans, suite à un nouveau vol à main armé, il est finalement arrêté et envoyé pour la première fois en prison. « Cette incarcération, se souvient-il, elle m’a fait rencontrer d’autres personnes qui étaient aussi perdues que moi. Et cet effet de groupe fait qu’on se prépare à la sortie et bien évidemment, on prépare de futurs délits ».
Les années passent et Bruce Dombolo continue ses larcins. Des actes motivés par l’argent mais aussi, il le reconnaît, pour une recherche plus particulière. « Moi à l’origine je cherchais l’adrénaline sportive. Mais à un moment, cette adrénaline sportive, je l’ai perdue et malheureusement, elle s’est transposée dans les braquages. Mettre ma vie en danger, préparer ces vols à main armée, ça me provoquait des sensations ». Ces sensations, il les avaient déjà ressenties par le passé. « J’ai quand même joué en Série A », se remémore-t-il, « au plus haut niveau. Avant de mettre un pied sur le terrain à 18 ans en Italie, je peux vous assurer qu’il y a une pression, une boule au ventre. Et cette boule au ventre, je l’avais aussi quand je commettais des vols à main armée ».
En 2010, Bruce Dombolo est une nouvelle fois arrêté suite à un braquage dans la ville où le président de la République était en déplacement. Les policiers, spécialement nombreux dans la ville ce jour-là le poursuivront pendant de nombreuses heures avant de finalement l’interpeller. Pendant la course-poursuite, « on est partagé entre plusieurs émotions », décrit-il. « La peur, le désarroi… C’est très compliqué de se retrouver dans ce genre de situation. On a l’impression qu’on est dans un film ou un mauvais rêve et finalement on se pose juste une question c’est ‘qu’est-ce que je fous là ?’ en fait. On se rend compte après qu’on a failli y passer, mais sur le moment, on ne pense qu’à une seule chose, c’est réussir à s’échapper ».
Bruce Dombolo sera condamné à quinze ans de prison pour ce braquage. Il sortira finalement libre au bout de neuf années d’emprisonnement. Neuf années dont il n’est pas sorti indemne. Et sa famille non plus. « Je pense sincèrement que quand il y a une incarcération, ceux qui en souffrent le plus, c’est les proches. À partir du moment où tu te retrouves en prison, t’as fais pleurer ta mère, tes frères, tes sœurs… pour moi t’es dans l’erreur. T’as fait des victimes et c’est ta famille qui en paye les pots cassés. Ce sont des choses qui sont irrattrapables. La seule chose que tu peux faire en sortant c’est ne plus jamais retourner en prison ».
Durant son incarcération, Bruce Dombolo apprend le théâtre et la musique. À sa sortie, il passe pour la première fois à la télévision. « C’était dans un concours d’éloquence sur France 2 avec Laurent Ruquier sur une émission qui s’appelle ‘Le Grand Oral'. Le thème imposé c’était de parler d’un moment de sa vie, donc j’ai mis mon parcours en avant ». Une visibilité qui lui ouvre très vite beaucoup d’opportunités. « Derrière j’ai créé une association justement pour faire de la prévention pour les jeunes sur la délinquance. Et en parallèle, dans le milieu du cinéma, on m’a contacté pour un premier casting et ça l’a fait ! ». Bruce Dombolo décroche alors son tout premier rôle dans le téléfilm ‘L’enfant de personne’. « Je n'avais pas du tout prévu un jour de me retrouver dans le milieu du cinéma et c’est comme ça que je suis rentré, tout à fait par hasard ».
Ayant vécu plusieurs vies très riches, le désormais comédien poursuit sa jeune carrière jusqu’à endosser des rôles qu’ils n’aurait jamais soupçonné. « Je me suis retrouvé à jouer un gendarme dans la même ville où j’avais commis des vols à main armé ! Il y avait même des vrais gendarmes dans le tournage », ricane l’ancien délinquant. « Surtout que je n’étais pas que gendarme, je jouais un lieutenant ! J’étais quand même le chef des gendarmes. C’était une sensation assez particulière, mais pour moi c’était une super expérience. Ça m’a permis de m’ouvrir aussi psychologiquement et de passer de l’autre côté ».
Aujourd’hui au cinéma, Bruce Dombolo est à l’affiche de « Sage-Homme », aux côtés de Karin Viard. Une consécration pour l’ancien footballeur. « Karin Viard, c’est quand même une femme qui fait partie des meilleures actrices françaises », raconte l’acteur qui ne semble toujours pas en revenir. « Moi je l’ai découverte quand j’étais en détention. Je ne lui ai pas dit mais j’étais amoureux d’elle ! Quand je regarde le chemin parcouru, je me dis ‘ah ouais je suis allé loin quand même !’ ».
Malgré son passé qui nourrit son travail et son jeu, Bruce Dombolo a aujourd’hui les yeux rivés vers l’avenir. « J’aimerais bien jouer avec Adèle Exarchopoulos », nous confie-t-il. Au-delà de ses désirs de collaboration, l’acteur ne cache pas ses ambitions. « Quand je me lance dans quelque chose, je le fais jusqu’au bout. Quand on joue au foot, on a pour objectif le Ballon d’Or. Là, je suis dans le cinéma, je vous laisse imaginer ce que je vise ! ».
Photo : DR
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