David Desclos, sa vie entre la prison, la cavale et la scène


Publié le 24.01.2023


INTERVIEW/VIDÉO - L’humoriste et ancien cambrioleur de banque David Desclos retrace son parcours sur MRG. Celui qui sera sur scène à l’Apollo Théâtre le 26 janvier, et bientôt au Jamel Comedy Club, s’est aussi exprimé sur la polémique autour de « Koh-Lantess » d’août 2022, un événement auquel il a participé.

« Rentrer dans le banditisme, c’est relativement facile, mais en sortir c’est très dur », explique David Desclos. Bien avant de monter sur scène pour partager son histoire avec son spectacle « Écroué de rire », l’ancien caïd a dû se sortir de cette spirale infernale qui, à cinq reprises, l’a fait passer par la case prison.

Selon l’intéressé, pour tomber dans le grand banditisme, « c’est comme une bonne mayonnaise, il faut tous les ingrédients. » Il y a bien sûr la pauvreté, une structure familiale compliquée mais surtout « le caractère et ceux qui m’entourent. Les camarades qui vivent la même chose, les grands qui nous montrent le chemin pour se débrouiller ». « Après, ce n’est pas une excuse », reconnaît-il. « J’en ai connu qui sont aussi pauvres que nous et qui, pourtant, vont travailler. C’est pour ça que le caractère y fait beaucoup ».  S’il ne garde aucune fierté de son passé, David Desclos ne le rejette pas. « C’est mon parcours, explique-t-il. Il est comme ça et maintenant je dois faire avec et je m’en sers. Je m’en sers pour livrer des messages aux autres, pour essayer de leur faire gagner du temps. Moi je l’ai perdu, j’essaie d’en faire gagner aux autres ».

La Société générale du Calvados, son plus gros coup (manqué)

S’il enchaîne les petits larcins et les allers-retour en prison, David Desclos se fixe une règle : ne pas faire de victimes. Il s’interdit tout braquage à main armée, préférant, comme en 1998, creuser un tunnel pendant quatre mois sous la banque de la Société générale du Calvados.

Il est finalement arrêté devant la salle des coffres. Il se rappelle encore le visage des policiers lors de son arrestation. « Quand ils m’ont eu, ils étaient contents, ils jubilaient ! À ce moment, j’avais déjà fait deux ans de prison, j’étais connu comme le Loup blanc, je savais que la justice me voulait depuis longtemps ». Une grosse prise pour les autorités qu’ils vont pourtant voir filer entre leurs doigts ! David Desclos va en effet réussir à s’enfuir avant de partir en cavale pendant un an. Mais l’homme en fuite sait alors que ce n’est qu’une question de temps.

« Je me suis évadé pour retrouver ma femme et préparer cette lourde incarcération qui allaient inévitablement revenir »

« Ce serait mentir que de dire que cette évasion était planifiée, reconnaît l’ex-cambrioleur. J’avais fait quelques préparations tout au long de ma jeunesse, avec toutes les gardes à vue que j’avais faites, la façon de retirer les menottes… je m’entraînais à chaque fois qu’on m’attrapait ! ».

Il reconnaît toutefois avoir eu beaucoup de chance, en expliquant que « tous les ingrédients étaient réunis. J’ai volontairement amené les policiers à commettre quelques petites erreurs, se remémore-t-il. Je les ai emmenés dans mon sens. Une heure avant, c’est vrai que je préparais mon évasion, mais j’étais pas sûr qu’elle allait réussir. Mon vice, la chance, tout a été réuni pour que je puisse m’évader et ça a fonctionné ».

« Je me suis évadé pour prendre un peu de recul, retrouver ma femme et préparer cette lourde incarcération qui allait inévitablement revenir ». Un an plus tard, c’est un David Desclos résolu à quitter le banditisme qui décide de lui-même de se rendre à la justice avec… les menottes dont il s’était défait un an plus tôt ! « Pour dire les choses vraies, ils l’ont mal pris !, ricane-t-il. Je me suis dit, ‘en me rendant moi-même, ils vont en tenir compte, ils vont voir que je fais un effort’. Mais la chose bête que je fais à ce moment, c’est de ramener les menottes avec moi. Là, ils l’ont pris comme un affront. J’étais jeune et un peu ‘foufou', un peu dingue ».

Une lourde peine pour une tentative de braquage sans violence

Pour le tunnel sous la Société générale, David Desclos a finalement passé huit ans et quatre mois en prison. Une peine qu’il juge sévère malgré les remises dont il a bénéficié. « lls m’ont mis sept ans pour le tunnel, un an pour la cavale, du sursis qui est tombé en pagaille… je me suis retrouvé avec une peine à deux chiffres ! Après j’ai eu droit à une confusion de peine, j’ai eu des grâces et je suis redescendu à huit ans et quatre mois. Mais moi qui voulais faire ça sans armes et sans violence, j’ai été condamné comme si j’avais braqué ! J’ai trouvé ça un peu injuste ».

« Faut rien faire qui nuit à ta santé mais rien qui nuit non plus à ta liberté »

« Je me suis rendu compte que la justice, ça ne rigole pas, même si tu reviens avec de bonnes résolutions ! », explique David Desclos. « Pour ça que je dis aux jeunes : ne jouez pas avec ça. C’est le message que je donne, faut avoir autant peur de la justice que de ton médecin ! Faut rien faire qui nuit à ta santé mais rien faire qui nuit non plus à ta liberté ». C’est là ce qu’il appelle « les deux piliers de la réussite » : la santé et la liberté. « Ça je l’ai appris à mes dépends. Et maintenant j’essaie de faire passer le message ».

« Sortir de cette spirale, ça n’a pas été facile »

Après ce gros passage en prison, le quatrième de sa « carrière », David Desclos n’a qu’une envie : monter sur scène. Partager son histoire, ses erreurs, ses leçons et transmettre ce message d’espoir aux jeunes générations parfois tentées par le banditisme. « Il faut mettre son culot et son intelligence dans l’honnêteté », martèle-t-il au cours de l’interview.

Et pourtant, malgré toute cette volonté, s’extirper de ce monde est souvent compliqué. Il se devait de laver ce qu’il nomme « une dette d’honneur », envers ses anciens complices. « Même si là, j’avais vraiment des idées honnêtes, explique-il, j’avais envie de faire ce spectacle, ce métier artistique, d’envoyer tous ces messages à tous les jeunes. Mais mes complices à ce moment, ne m’ont pas compris. Ce qu’ils voulaient, c’était que je les aide, comme eux m’avaient aidé ». Il reprend alors le vieux business de trafic de cannabis que lui et ses amis tenaient depuis tout jeune. « Sortir de cette spirale, ça n’a pas été facile. C’est pour ça que je donne ce message aux jeunes : entrer dans le banditisme, c’est relativement facile, mais en sortir c’est très dur ». Après deux ans de trafic, David Desclos peut enfin tourner la page et se lancer dans sa nouvelle activité. Mais il est cependant à nouveau recherché pour trafic de cannabis. Il est contraint de repartir une nouvelle fois en cavale.

Nouvelle cavale et premiers pas sur scène

« Une fois que j’avais réglé ma dette d’honneur, je ne devais plus rien au banditisme, mais je devais encore une peine à la justice ».  Pendant quatre ans, David Desclos va réussir à évoluer, même se produire sur scène alors même qu’il fuit la police ! Il aura fallu « beaucoup de persévérance, de force, de courage et de travail, et surtout de belles rencontres ! Des personnes qui ont cru en moi, des employeurs, des producteurs, des responsables de théâtre… ».

Il monte sur scène en se présentant sous le nom de « Pinlu », verlan du nom de famille d’Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur. En parallèle, il travaille aussi comme ambulancier attaché au Samu de Paris. Mais cette cavale, comme toutes les autres, finit par s’arrêter.

« Je me retrouve à retourner en prison mais cette fois pour la bonne cause, pour aller jouer mon spectacle ! »

Après quatre ans et demi à passer sous les radars, David Desclos se fait finalement rattraper. « Je retourne en prison mais je tombe sur ce juge qui croit en moi et me redonne cette liberté au bout d’un an de prison ». Une vraie aubaine pour celui qui n’aspirait qu’à enfin vivre une vie honnête.

Dès sa sortie, il retourne immédiatement sur les planches. La justice le retrouve alors, mais cette fois, pour travailler avec lui ! « Je remonte sur scène et le spectacle était tellement bien, plein d’humour, de dérision et surtout plein de messages, que les premiers à acheter le spectacle, c’est le ministère de la Justice et l’Education nationale ! Je me retrouve à retourner en prison mais cette fois pour la bonne cause, pour aller jouer mon spectacle. J’ai fais plus d’une vingtaine de prisons de France et j’en fais encore. Des centres de protection de la jeunesse, des quartiers, des centres culturels, les théâtres de France… ».

Koh-Lantess : « si les gens avaient su ce qui c’était vraiment passé, ils auraient applaudi »

En août 2022, une polémique frappe le ministère de la Justice et la direction de la prison de Fresnes. Des vidéos, sorties de leur contexte, montrent des prisonniers enchaîner les activités ludiques et les jeux. Une piste de karting est même installée dans la cour de la prison, ce qui a choqué beaucoup d’observateurs y compris de nombreux politiques de tous bords. Les critiques et les accusations fusent. « Cette polémique, elle nous a fait mal », répond David Desclos qui était présent à la prison de Fresnes ce jour-là. « On a joué le spectacle ‘Écroué de rire’ et c’était suivi de ce Koh-Lantess, mais tout ça, c’était construit ! », plaide-t-il. Le comédien déplore la mauvaise communication autour de l’événement. « Si les gens l’avaient su, ils auraient applaudi le directeur de la prison et Aïcha, qui avaient organisé tout ça. C’était vraiment un projet construit ».

Bientôt au Jamel Comedy Club

David Desclos sera à l’Apollo Théâtre le 26 janvier pour jouer son spectacle « Écroué de rire » mais bientôt sur une autre scène. « Là, je viens de signer avec Jamel. On sera tous les samedis à 21h30 au Jamel Comedy Club jusqu’au mois de juin !”. Objectif, faire rire et continuer à transmettre son message le plus important : « croire en soi, choisir un métier qui nous passionne et mettre son culot et son intelligence dans l’honnêteté ».

Son interview en vidéo

Photo : DR


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