Journal de bord d’un voyage en train de 38 heures
Publié le 21.08.2022
CARNET DE VOYAGE - L’Union européenne met en place ce qu’on appelle le pass Interrail. Adrien Hardy l'a gagné lorsqu’il a eu 18 ans. Il permet à ceux qui le possèdent de voyager uniquement en train à moindre coût dans pratiquement toute l’Europe. Et pour Adrien, son voyage en train a duré 38 heures pour retourner de Split en Croatie à Paris en France. Récit.
Heure 0 - Départ de Split en Croatie. Pour le moment tout va bien. Nous appréhendons un peu le voyage qui je le rappelle dure 38 heures. Le train est presque vide. La fatigue est déjà présente, nous n’avons pas réussi à dormir la veille parce que nous avons beaucoup fêté notre départ... et nous avons le ventre vide. En passant, mon ami Camil et moi avons quand même eu la bonne idée d'acheter des bouteilles d’eau et des gâteaux pour le voyage. Il est 8h30, c’est l’heure du départ. Six heures de trajet pour arriver à la capitale du pays : Zagreb.
Heure 8 - Le train pour aller à Zagreb a eu 1h10 de retard. Nous sommes très stressés car nous avons failli rater le train suivant. Cette fois direction Budapest pour de nouveau 6 heures de train. Nous n’avons plus d’eau et dans les toilettes elle n’est pas potable… Avant de monter dans la rame, nous avons acheté des spécialités culinaires locales. Arrivée à la capitale hongroise à 22h30.
Heure 16 - Nous voilà à Budapest, il est 22 heures. Pendant ce trajet, nous nous sommes fait contrôler trois fois : d’abord pour nos billets, puis pour nos cartes d’identité, changement de pays oblige. Il nous reste une heure et demie à attendre avant le prochain train pour Gyoer. Seuls dans une cabine de six places, nous avons enfin pu profiter du calme pour dormir un peu. Malheureusement pas de wagon bar, plus d’eau, donc six heures à rêver d'une oasis, et la température est caniculaire. Malgré les quelques heures de sommeil, la fatigue commence pour ce voyage de 38 heures et le plus dur reste à venir.
Heure 22 - A la sortie du train, nous tombons enfin sur une petite supérette ouverte de nuit, fort heureusement pour nos estomacs qui se remplissent un peu grâce à ce sandwich inespéré. Sur place, il fait nuit et la population a l’air de ne pas trop apprécier les touristes. Les regards sur nous nous énervent un peu, mais nous faisons abstraction. Nous prenons la direction d'une petite ville autrichienne où nous resterons vingt minutes avant de nous rendre à Vienne, la capitale. Il est 5 heures du matin. La fatigue pèse petit à petit mais nous tenons le coup. La nuit hongroise est fraiche, nous l'apprenons à nos dépens, heureusement nous avons pensé à prendre des pulls. Dans le train la climatisation est forte, Camil et moi devons utiliser le papier toilette pour nous moucher, nous sommes malades…
Heure 24 - Vienne, changement de gare, celle que nous devons rejoindre est à cinquante minutes à pied pour retrouver un autre train vers Francfort. Nous n’avons pas de sièges attitrés, heureusement pour nous, nous nous sommes assis sur des places réservées mais finalement libres. Premier coup de chance du voyage ! Finalement... non, puisque sans place attribuée, nous nous faisons déplacer cinq fois au total. Camil a trouvé une place mais moi je suis obligé de faire des allers-retours entre les couloirs et d’éventuelles places libres. Je suis un peu énervé par la situation mais je tiens le coup en espérant que le prochain train soit différent.
Heure 32 - Après un long et douloureux trajet pour arriver à Francfort en Allemagne nous voilà partis pour deux trains différents d’environ une heure chacun. Nous sommes dans un espace qui rassemble une gare et un aéroport. Nous reprenons des forces grâce à un fast food où nous pouvons enfin payer en euros. Notre train a dix minutes de retard. C’est la dernière ligne droite !
Heure 33 - Arrivés dans une petite ville allemande nous sommes obligés de changer de programme, le train a du retard. Deux choix s'offrent donc à nous : soit nous prenons d'autres trains soit nous prions pour réussir à avoir le suivant. Nous avons vingt minutes de changement à la prochaine gare, mais il n'en reste déjà plus que cinq en comptant le retard. Ça s'annonce compliqué… Le stress et l’énervement montent, la fatigue n'améliore pas les choses.
Heure 34 - Le retard s'allonge, nous ratons le départ pour Strasbourg. Par chance, nous découvrons sur un écran dans notre wagon que dans la prochaine gare, un autre train va directement à Paris. Gros coup de chance dans la malchance, mais nous n'avons pas de billet. Soit nous le tentons et prenons le risque d'avoir une amende, soit c'est le bus qui ajoute neuf heures de plus à notre périple. Le choix est vite fait, 38 heures c’est déjà trop long, nous risquons le train direction Paris.
Heure 38 - C'est bon, le voyage est terminé ! Après 38 heures de trajet, nous sommes enfin à Paris. Personne ne nous a contrôlé, heureusement pour nous. La fatigue pèse énormément, trop même sur nos épaules. Nous ne rêvons plus que d'une chose, un lit. Il ne nous reste plus que quelque stations de métro et le périple sera terminé pour de bon ! Nous avons ensuite eu besoin de plusieurs journées pour récupérer de cette épopée incroyable.
Photo : Adrien Hardy / MRG Médias