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Jérémy Charbonnel : « on peut aller très loin sur scène. Il n’y a pas de limite si c’est bien fait »


Rédigé par Alexis BRAGARD

Publié le 21.03.2022


INTERVIEW / VIDEO - Jérémy Charbonnel était l’invité d’MRG, lundi 28 février, au Salon de l’Agriculture. Actuellement sur scène avec son nouveau One man show Spectacle sans gluten, l’humoriste et acteur ne manque pas de dérision.

Jérémy Charbonnel est le benjamin d’une fratrie de trois enfants. Le cliché du petit dernier, « l’erreur ou le coup de trop » comme il se définit avec amusement. Lundi 28 février, l’humoriste s’est confié sur son parcours à MRG. Son attrait pour l’humour se manifeste très jeune. « L’avantage d’avoir deux grands frères, c’est qu’on voit leur culture très tôt » raconte-t-il. À six ans, Jérémy Charbonnel regarde donc déjà Les Nuls et réalise « des parodies des Nuls ‘L’édition’, qui était déjà une parodie d’un journal télévisé, dans les repas de famille ». L’humour lui permet alors de « trouver sa place dans la famille et d’attirer l'attention ».

En 2007, Jérémy Charbonnel décide de prendre son destin en main et de quitter Lyon, sa ville natale, pour rejoindre Paris. Pour lui, quitter la capitale des gaules était nécessaire. « Je crois qu’à un moment donné, on a aussi besoin de quitter son cocon, de prendre un risque. Ce risque n’était pas forcément mesuré à cette époque-là parce que c’est un peu insouciant. […] Et puis, après tu rencontres un métier, tu rencontres une formation, tu rencontres des potes et puis tu commences à jouer, à créer et tu te dis ‘mais, c’est super !’ » résume-t-il. Dans la capitale, il suit les cours de deux écoles : le studio Pygmalion et le laboratoire de l’Acteur. Jérémy Charbonnel profite d’ailleurs de ce retour en arrière sur sa vie pour enjoindre chaque jeune qui souhaite devenir acteur à trouver sa propre voix. « A chaque individu de trouver le chemin qui lui correspond le mieux. Ce que j’ai fait moi peut ne pas correspondre à quelqu’un qui va préférer faire du théâtre plus classique et qui va s’épanouir aux cours Florent ou au Conservatoire ».

« J’aime bien aller taquiner, me moquer et de moi-même et des gens »

2011. Jérémy Charbonnel fait alors ses débuts dans le milieu du spectacle avec son premier One man show : L’Homme idéal ou juste un gros connard ?. Un spectacle presque autobiographique, selon lui : « à 24 ans, on a moins de choses à raconter qu’à 35. Donc forcément, on part de soi mais on part parfois d’une image qu’on peut dégager. Et puis, on essaie de faire marrer avec des trucs un peu trash, un peu outrancier ». Encore aujourd’hui, l’humoriste reconnaît que son ADN se trouve dans cet humour, « j’aime bien aller taquiner, me moquer et de moi-même et des gens ». Mais est-ce plus facile d’écrire un sketch sur soi-même que sur la société ? Pour Jérémy Charbonnel tout dépend d’où l’on se trouve dans son avancée personnelle. « A partir du moment où tu as fait ton travail et que tu sais un peu qui tu es et comment tu fonctionnes, c’est hyper intéressant d’aller creuser là-dedans. Après c’est une vraie mise à nu. Ce que tu vas raconter de personnel, tu ne sais pas si c’est universel ».

Également acteur, Jérémy Charbonnel est marqué par un paradoxe : « je fais beaucoup de la comédie sur scène avec le stand-up mais dans tout ce que j’ai tourné, il n’y a aucune comédie. "Cloclo", ce n’est pas une comédie, "Les Combattants de l’ombre", c’est loin d’être une comédie ». L’humoriste ne se ferme d’ailleurs aucune porte dans le cinéma : « j’aime énormément de choses. On a eu les César il n’y a pas longtemps. Le film de Catherine Corsini, "La Fracture", je trouve que c’est incroyable cette puissance qu’elle arrive à mettre sur notre société aujourd’hui. Dans la comédie, j’aime les mecs comme Pierre Salvadori ou Michel Leclerc. Voilà, ce sont les deux pontes avec qui j’adorerais tourner ». Et pas question de faire un choix entre son métier d’acteur ou d’humoriste. Pour lui, « c’est comme choisir entre ton père et ta mère. On me demande tu préfères la scène ou tu préfères le ciné ? Et bien, j’ai envie de faire les deux. Pourquoi choisir ? »

Ces rôles dans le cinéma et son humour ouvrent rapidement à Jérémy Charbonnel une autre porte, celle de chroniqueur à la télévision. En 2015, il rejoint Stéphane Bern dans « Comment ça va bien ! ». « Chaque opportunité, je les ai prises parce que je trouve que ce sont des expériences et qu’il fallait les faire », assure-t-il. Il y découvre aussi un autre milieu, « une autre façon de travailler, un autre décor ».

« L'arrivée d’un enfant, ça nous recentre »

La consécration viendra en 2016 avec son troisième spectacle, Fils De. Celui-ci « a trouvé un public et ça c’est génial. Après, on peut toujours faire mieux et c’est ça qui est horrible dans nos métiers, c’est inarrêtable. […] Il y a toujours une marge de progression, à la fois artistiquement et puis dans les salles que tu remplies. Le succès est tout relatif » explique-t-il avec beaucoup d’humilité.

Père depuis 2 ans d’un petit garçon, cette expérience plus personnelle lui aura aussi servi à gagner en maturité. « Je pense que j’étais très immature quand il est né. Et l’arrivée d’un enfant, ça nous recentre. On est plus égoïste. Le monde ne tourne plus autour de nous, il tourne autour de lui ». Une expérience qui lui sert dans l’écriture. « Quand on devient père, on a toutes nos blessures d’enfant qui remontent. Ça, c’est hyper intéressant. Ça amène une vraie matière pour le spectacle et pour l’écriture ».

Aujourd’hui, Jérémy Charbonnel se produit avec son nouveau One man show : Spectacle sans gluten. « J’ai écrit ce spectacle à la base pour les intolérants au second degré, [..] rien à voir avec la bouffe ». Celui-ci laisse beaucoup de place à l’improvisation, même si tout dépend surtout du public. « Je peux aller jusqu’à 1h45 en improvisant […] ça dépend de ce que j’ai, du répondant », confie-t-il. « Et je me rends compte qu’on peut aller très loin sur scène. Il n’y a pas de limite si c’est bien fait ».

Regardez l’émission en vidéo 

 

Photo : MRG Médias


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