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Fakear : « j’avais envie de donner un grand coup de pied »


Rédigé par Bastien COCHET

Publié le 03.07.2020


INTERVIEW - Fakear, le pilier français de l’électro est revenu vendredi 26 juin avec un nouvel album intitulé Everything Will Grow Again. Une rupture de style par rapport à ses créations précédentes et le début d’une nouvelle liberté pour le natif de Caen.

Révélé notamment en 2014 avec le titre "La Lune Rousse", Fakear s’est rapidement fait une place de choix sur la scène électro française. Celui qui a découvert l’électro grâce à un ingénieur du son, alors qu’il était rocker, a enchaîné les succès avec son album Animal, paru en 2016. Suite à une réception en demi-teinte de l’opus suivant, All Glows jugé trop commercial, Fakear a amorcé une longue remise en question. Son dernier album signe donc un renouveau de son style : exit la vague électro-chill qu’il juge aujourd’hui aseptisée, trop commerciale et dénuée de message et bienvenue à la UK House et aux influences électro allemandes. 

« Il y a même eu un moment où je me suis dit : est-ce que je ne changerais pas carrément de nom ? »

Everything Will Grow Again marque, selon Fakear, un nouveau virage dans sa carrière puisqu'il s'agit aussi de son dernier album avec Universal. Il a vu petit à petit l’influence de sa maison de disque prendre le pas sur sa création artistique et il entend aller encore plus loin pour les projets qu’il produirait en indépendant. Avec cette absence de limite et ce nouveau vent de liberté, Fakear en a presque profité pour changer de nom. En mettant ses influences « musique du monde » de côté, il avait peur de perdre son public et il confie qu’« Il y a même eu un moment où je me suis dit : est-ce que je ne changerais pas carrément de nom ? ». Finalement Théo Le Vigoureux conserve pour l’instant le même pseudonyme mais considère Everything Will Grow Again comme un grand virage électronique. « J’avais envie de donner un grand coup de pied » déclare celui qui commençait parfois à se sentir prisonnier de son style si reconnaissable. À travers ce nouvel album, qu’il considère comme son plus sincère, Fakear a incorporé les instruments chers de son enfance, baigné dans la musique depuis tout petit par ses parents musiciens. Mais viennent s’y ajouter un amour naissant pour les vielles machines électro, de vieux synthés aux sonorités très organiques sur lesquelles on peut tenter de nouvelles expériences en modulant presque tout. Le musicien avoue être aujourd’hui bien loin de la définition qu’il se donnait il y a quelques années de « tapeur de carrés » en référence à l’utilisation sur scène de sa boîte à rythmes. 

« Tout finira par repousser »

Si le titre de ce nouvel album peut sembler très évocateur de la période de confinement que la quasi-totalité de la planète a vécue, au départ, il s’agit plutôt d’un message profondément écologique. La phrase Everything Will Grow Again provient d’un graffiti aperçu à Portland aux États-Unis par l’artiste, qui l’a profondément marqué. Un message fataliste qu’on peut traduire par « Tout finira par repousser » et que Fakear interprète de cette façon: « Le pire truc qui puisse nous arriver, c’est la fin de l’Humanité, mais la planète va s’en remettre sans nous ». Un message qui colle bien avec les nouvelles sonorités qu’il a expérimenté sur l’album. Pour Fakear, ces compositions ont été synonymes de vérité, même si il n’était sûr de rien à certains moments. « J’ai douté énormément sur "Tokai", car j’avais du mal avec l’alliance de tous les styles (jazz, asiatiques, etc…) mais finalement on m’a rassuré en me disant que c’était bien ».

« J’ai quasiment fini mon 2e nouvel album »

Si le confinement a été synonyme de dernières retouches pour Everything Will Grow Again, le rôle du producteur Alex Metric, artiste anglais déjà récompensé d’un Grammy Award, a été déterminant pour Fakear. C’est selon lui, Alex qui a apporté cette sonorité british qu’il cherchait. Il est d’ailleurs présent sur l’une des deux seules collaborations de cet album, le single qui a lancé sa promo, Carrie. Alors que l’opus précédent en était rempli, le deuxième et dernier morceau en duo de l’album est Rituals avec Luiza Fernandes. Ici, pas de Grammy ou de patte britannique, mais une connexion naturelle : « je choisis les featuring au feeling et Luiza est une pote de pote (…) On a créé ce morceau en une aprem. ». C’est l’attirance pour sa musicalité sud-américaine, région qu’on connait moins dans la discographie de Fakear, qui a attirée le compositeur. Il évite également de fantasmer sur des collaborations trop ambitieuses ou avec des artistes qu’il admire, et préfère privilégier le côté humain. Lors du confinement et de la finalisation de cet album, la période a été extrêmement productive puisque Fakear annonce une nouvelle qui réjouira ses fans, « J’ai retrouvé du temps, j’avais pas de pression, mon album était terminé (…) je suis allé donc dans des nouvelles expérimentations. Et j’ai quasiment fini mon 2e nouvel album ». Produit cette fois-ci en indépendant, le projet est pour l’instant bien au chaud dans l’ordinateur de l’artiste électro et s’intitule provisoirement « The Next Era », soit « La prochaine ère », tout un programme.

Photo : DR


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