Mort de Toni Morrison : Beloved et l’héritage de l’esclavagisme
Publié le 07.08.2019
LITTERATURE - Prix Nobel de la littérature en 1993, Toni Morrison fut la première afro-américaine à le recevoir. L’écrivaine est décédée mardi 6 août à l’âge de 88 ans. Son œuvre Beloved, prix Pulitzer 1988, est le reflet de tout un engagement et un questionnement sur l’histoire de la communauté noire-américaine.
Beloved plante son décor au XIXème siècle, au cœur de la communauté Noire des Etats-Unis. Sethe, une ancienne esclave, vit avec la douleur de son acte passé. Avoir égorgé sa fille pour lui éviter de devenir esclave à son tour. Une décision incomprise qui l’éloigne de sa propre communauté. La liberté, oui, mais à quel prix ? Toni Morrison offre dans Beloved un regard poignant sur la souffrance causée par l’esclavagisme. Une souffrance psychologique qui ne s’arrête jamais, même après un départ des plantations. L’écrivaine use de symboles et de métaphores pour rendre son livre plus doux mais aussi plus sanglant. Elle fait donc entrer en scène Beloved, une jeune fille qui ressemble étrangement à la fille de Sethe et qui sème en elle un trouble profond. Hantés à jamais par le passé d’esclave : voilà ce qui attend les Afro-Américains et leur famille après 1865.
De l’histoire vraie à la romance
Petite fille d’anciens esclaves, Toni Morrison savait ce dont elle parlait. L’autrice s’est d’ailleurs inspirée d’une histoire vraie pour écrire Beloved. Celle de Margaret Garner qui tua sa fille en 1856 en s’échappant des plantations. Toni Morrison, à l’origine enseignante en université, aura écrit onze romans. Beloved est celui qui entra dans la liste des 100 meilleurs livres de tous les temps établie par le Cercle Norvégien du livre en 2002. Beloved côtoie ainsi Dante Alighieri et sa Divine Comédie ou encore le Père Goriot d’Honoré de Balzac… pour ceux qui auraient encore des doutes.
Photo LDD/Angela Radulescu